La forteresse de coton - Philippe Curval Quatrième de couverture:
Quand Julien Cholle se perd un jour dans la lagune, nageant à la poursuite de Sarah, sait-il réellement qu'il se nomme aussi Blaise Canehan, géologue, revenu ici une bizarre mission en Turquie?
Pourtant, des liens, mystérieux semblent établis depuis longtemps entre Sarah et lui, une sorte d'envoûtement érotique qui les entraîne vers un ailleurs insoupçonné. Et tous les personnages de La Forteresse de coton paraissent contaminés par ce mal. Venise aussi dont le paysage se distord à travers leur regard.
La lente montée de l'exaspération érotique de Blaise Canehan est évoquée ici sous les dehors d'une enquête métaphysique à travers l'inconscient, jusqu'au terme de l'énigme, le moment où la personnalité éclate sous la pression des forces qu'elle a déchaînées. Il est des livres qui résistent à toute tentative de classification, ayant pour seule énergie cinétique une barbarie fondamentale, comme des bubons sur le corps de la littérature. La Forteresse de coton est de ceux-là.
Voilà un livre que je ne recommanderai pas à tout le monde mais qui est génial!
Parut en 1967 il reste dans les inclassables mais pour moi dans les mémorables. Curval dit de son approche de la SF qu’elle est « littéraire, psychologique, métaphysique, sans complexe à l’égard de la science »
.En fait on va trouver l’histoire de Blaise ce géologue parisien et de Sarah, qu’il va séduire et emmener à Venise. Il devra la quitter quelque jours pour aller en Turquie sur un site et mettre leur passion entre parenthèses. Les deux amants fantasques vont créer un jeu délicieusement pervers par lequel il devra la séduire à nouveau en s’inventant un double. Un jeu dangereux et perturbant si on s’y adonne aussi totalement, sans en connaître les conséquences sur le mental, les sentiments et la perception du temps. C'est troublant et indéfinissable tant par les entrelacements du rêve et de la réalité, des temps et des moments, des personnages aux multiples identités et histoires et qui au final se regroupent.
L'écriture est geniale, un brin sensuelle, déroutante, sans repère et surtout irréelle. Les paysages sont tout aussi fabuleux sur fond de cité des Doges principalement mais aussi du merveilleux site de Pamukkale en Turquie.