CLAUDIE GALLAY Seule Venise , éditions du Rouergue, La brune
Je viens de finir ce livre, c'est un réel enchantement.
Cela se passe à Venise fin décembre, jusqu'au début janvier, à notre époque. C'est La Venise Mythique des écrivains (Thomass Man, Casanova, Hugo Pratt...). Ce sont des histoires d'amour. Je ne savais pas qu'on pouvait encore raconter des histoires d'amour à notre époque. Que JFK se rassure, c'est concis, pudique. Un petit côté british. Une pension dans un ancien palais où se croisent une ballerine, un prince russe et la narratrice. Il y a l'amour des livres, la découverte de Venise, beaucoup de chocolats chauds, et des chats.
Edit Alinoé : Voici un extrait (p 215-217) :
"La neige met deux jours pour arriver. Tout le monde l'atttend. Moi avec eux, sur les pontons de bois en face de la Salute. Impossible d'aller ailleurs. De faire autre chose.
Je suis le long des quais quand les premiers flocons commencent à tomber. Un et puis un autre. Ils fondent très vite, ils s'accrochent, recouvrent le sol, les bâches bleues des gondoles, les toits de San Marco.
Ils recouvrent le dôme d'or tout en haut de la Salute.
Je marche.
Quand je me retourne, je vois mes traces.
J'ouvre la bouche, j'atttrape les flocons avec les dents. Les lèvres. Je les avale.
La neige tombe en flocons serrés. Sur les façades. Elle colle, efface toutes les autres couleurs, les noie en une seule.
Couleur imprécise.
Rose, blanc. Couleur de murs. Couleur pâle, à peine frémissante quand elle touche les eaux de la lagune.
La neige.
Dans le silence, les flocons se frottent. Leur bruit. Quand ils se touchent et puis quand ils touchent le sol.
Comme un murmure. Une messe basse qui recouvre toute la ville. Qui s'élève.
Sur la place, il n'y a plus de pigeons. Plus de touristes. Seuls les tables en terasse, le plastique jaune des fauteuils. Tout est recouvert.
Les grands chevaux de bronze.
Les lions. Le dôme. Où que je regarde.
La neige.
Des visages aux fenêtres du Quadri. Des silhouettes sur le pas des boutiques. A l'étage du musée.
Partout, des yeux redevenus des yeux d'enfants. Doigts écartés. Contre les vitres.
Je n'ai jamais voulu que l'on m'explique la neige. Jamais voulu écouter, comprendre.
La neige ne s'explique pas.
Je monte à la cime du Campanile.
Un homme près de moi dit, on ne reverra jamais ça. Jamais.
Il a raison.
Probablement."
Voilà, c'est mon cadeau pour vous.
J'ai lu ce passage lors de la première neige de la saison dans mon jardin. Qu'en pensez-vous ? C'est descriptif, mais c'est léger, poétique, simple.