Le dernier jour d'un condamné- Victor Hugo

Je suis étonnée que personne n'en ai parlé

Résumé

wikipédia a écrit:

Le livre est le journal d'un condamné à mort, ou encore un monologue interieur, qui se propose d'écrire ce qu'il vit pendant les dernières semaines (à partir d'un peu avant son jugement, c’est-à-dire un peu plus que six semaines ) avant son exécution. Le lecteur ne connaît ni le nom de cet homme, ni ce qu'il a fait pour être condamné (il existe quelques vagues indications qui laisseraient croire qu'il a tué un homme même si symboliquement on pourrait croire qu'il s'est tué lui-même dans son seul crime) : l'œuvre se présente comme un témoignage brut, à la fois sur l'angoisse du condamné à mort et ses dernières pensées, les souffrances quotidiennes morales et physiques qu'il subit et sur les conditions de vie des prisonniers, par exemple dans la scène du ferrage des forçats. Il exprime ses sentiments sur sa vie antérieure et ses états d'âme…

L'auteur
Fils d'un général d'Empire souvent absent, Victor Hugo est élevé surtout par sa mère. Alors qu'il est encore élève au lycée Louis le Grand, il se fait connaître en publiant son premier recueil de poèmes, 'Odes' et obtient, pour celui-ci, une pension de Louis XVIII. Chef d'un groupe de jeunes écrivains, il publie en 1827 sa première pièce de théâtre en vers, 'Cromwell' , puis 'Orientales', 'Hernani'. Il s'impose comme le porte-parole du romantisme aux côtés de Gérard de Nerval et de Gauthier. En 1831, il publie son premier roman historique, 'Notre-Dame de Paris', et en 1838 son chef-d'oeuvre romantique 'Ruy Blas'. En 1841, il est élu à l'Académie française. En 1843, la mort de sa fille Léopoldine le déchire et le pousse à réviser son action. Il entame une carrière politique. Elu à l'Assemblée constituante en 1848, il prend position contre la société qui l'entoure : la peine de mort, la misère, l'ordre moral et religieux. C'est en 1862 que Victor Hugo termine 'Les Misérables', immense succès populaire à l'époque. Fervent opposant au coup d'Etat du 2 décembre 1851, il doit prendre le chemin de l'exil jusqu'en 1870. Installé à Jersey et Guernesey, il écrit 'Les Châtiments', et 'Les Contemplations'. De retour en France, à plus de 60 ans, il entame la rédaction de 'La Légende des siècles'. Poète romantique, dramaturge en rupture avec les codes classiques, et auteur de romans mythiques, Victor Hugo a connu la gloire populaire et la reconnaissance de ses pairs.

Mon avis
Petit mais efficace. Je trouve l'idée de base intéressante, Hugo explore bien l'âme humaine aux derniers instants. J'ai vraiment apprécié cette lecture, je me suis vraiment prise au jeu du monologue intérieur (tout comme Ursus dans "l'homme qui rit"). La réflexion philosophique est intéressante sur le sens de la vie, sur la rédemption...

Ce livre est très souvent lu à l'école ici (IL faut bien lire du Hugo et c'est moins long que les misérables).

J'ai beaucoup aimé cette petite lecture. Ce plaidoyer contre la peine de mort se veut intéressant sur un point particulier: on ne sait pas, sauf erreur, quel crime a commis le condamné. Cela nous évite de porter un jugement genre "t'as tué quelqu'un bien fait que la justice te rende la pareille" et se concentre uniquement sur l'acte de la peine de mort en lui-même.

Même si cet ouvrage, au demeurant fort bien écrit, ne suffit pas à monter la stupidité de la peine de mort, car trop émotionnel est pas vraiment argumenté, il permet de mieux comprendre la barbarie de cette pratique.


C'est pour cela que je le recommande pour des jeunes lecteurs (pas trop quand même), cela peut être une bonne introduction à la thématique, mais aussi un petit livre issu d'une grande plume.

Je n'ai pas de souvenirs exacts sur ce livre mais je sais que le plaidoyer m'avait touché.
Ce que j'aime beaucoup dans ce livre, c'est que c'est Hugo qui l'a écrit et qu'on ressent toute la force de son caractére et de sa plume et la passion qu'il mit pour défendre cette cause. D'ailleurs, c'est grâce à lui si à Guernesey et Jersey, la peine de mort fut abolie.

Citation :

D'ailleurs, c'est grâce à lui si à Guernesey et Jersey, la peine de mort fut abolie.

En es-tu sûre ? Il a écrit lors de son exil sur l'île de Jersey, un playdoyer aux habitants de Guernesey pour tenter d'obtenir la grâce d'un condamné, apparement en vain mais cette lettre ne fut pas vaine car huit ans plus tard, la peine de mort fut abolie à Québec puis en Colombie, au Portugal...Et d'ailleurs Robert Badinter s'inspira fortement des arguments de cette lettre pour abolir la peine de mort en France en 1981.

Je n'avais jamais lu de livres de Victor Hugo avant celui-ci, jugeant en toute ignorance que le style et la lecture serait rébarbatifs. Ô misère quelle erreur ! J'ai, dès les premières lignes, été aspirée par l'écriture de Victor Hugo. Quelle force et quelle passion dans ce petit livre lu en même pas deux heures. On ne peut qu'adhérer à sa pensée (même si c'était chose aquise bien avant de lire ce playdoyer).
Ce qui m'a le plus touchée et remuée sont les dernières heures du condamné. Son retour en arrière, sa terreur grandissante face à la mort à venir, toute la force que prend ce témoignage.

J'ai particulièrement bien aimé ce passage :

"Ils disent que ce n'est rien, qu'on ne souffre pas, que c'est une fin douce, que la mort de cette façon est bien simplifiée.
Eh ! qu'est-ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour ? Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable, qui s'écoule si lentement et si vite ? Qu'est-ce que cette échelle de torture qui aboutit à l'échafaud ?
Apparement ce n'est pas là souffrir...
...Et puis, on ne souffre pas, en sont-ils sûrs ? Qui le leur a dit ? Conte-t'on que jamais une tête coupée se soit dressée sanglante au bord du panier, et qu'elle ait crié au peuple : Celà ne fait pas mal !
Y'a t'il des morts de leur façon qui soient venus les remercier et leur dire : C'est bien inventé. Tenez-vous en là. La mécanique est bonne...
...Non, rien ! moins qu'une minute moins qu'une seconde, et la chose est faite. Se sont-ils jamais mis, seulement en pensée, à la place de celui qui est là, au moment où le lourd tranchant qui tombe mord la chair et rompt les nerfs, brise les vertèbres...
Mais quoi ! une demi-seconde ! la douleur est escamotée...Horreur !!!"

Enfin, beaucoup de choses dans ce petit livre même si comme le dit très justement JFK :

Citation :

Même si cet ouvrage, au demeurant fort bien écrit, ne suffit pas à monter la stupidité de la peine de mort, car trop émotionnel est pas vraiment argumenté, il permet de mieux comprendre la barbarie de cette pratique.

Mea culpa. Il semble en effet que Hugo ait échoué dans son plaidoyer sur les îles brittaniques car je n'arrive pas à retrouver la date de l'abolition de la peine de mort là-bas.
Mais quand on pense que Robert Badinter pour son discours à l'Assemblée s'est basé sur l'argumentaire de Hugo en 1981... on se dit 1- que Hugo est intemporel, 2- que l'abolition en France est tout de même ultra récente !

Juste pour signaler, une adaptation/illustration BD de ce roman par Stanislas Gros , jeune auteur Orléanais .
Pour plus d'infos, venez par ici

J'ai eu ce livre comme thème de dissertation il n'y a pas très longtemps.

Le sujet était : "Pensez-vous que cette œuvre, Le dernier jour d'un condamné, nous rapproche des réalités ou nous en éloigne ?"

C'était très difficile à rédiger, même en ayant les arguments pour fonder la dissertation.

Sinon ce livre est dur à lire, pas vocabulairement parlant, mais psychologiquement.

Pour reprendre ce qu'a dit JFK, oui, Victor Hugo a beaucoup joué sur le registre lyrique, et d'ailleurs, grâce à ce dernier, nous éloigne de la réalité de la peine de mort du 19ème. (on pourrait appeler ça un procédé qui en quelques sortes, adoucit la lecture... )