Quatrième de couvertureAlcoolique phénoménal, amant frénétique et désordonné, bigame maltraité par ses deux compagnes, Paul Verlaine oscilla jusqu'au tombeau entre l'ignoble et le sublime. C'est à la toute fin de sa vie, au moment de la pire déchéance morale et matérielle, au moment où les gloires de l'époque l'accablaient de leur mépris, qu'une soudaine vague de sympathie naquit en sa faveur parmi les étudiants et la jeunesse du Quartier latin. En quelques semaines, il devint leur idole.
Fol amoureux de ce personnage magnifique et terrifiant, Jean Teulé a choisi de raconter cette période extravagante à travers le regard du jeune Henry-Albert Cornuty - un adolescent de Béziers qui monta à pied à Paris dans le seul but de rencontrer Verlaine...Tout d'abord... j'ai beaucoup de mal à écrire ce que je ressens après la lecture de ce roman. Il y a tant de choses à dire, notamment sur la personnalité de Paul Verlaine, sa vie, son oeuvre, mais je suis incapable de formuler correctement mes impressions.
Paul Verlaine était un poète de génie, de talent mais il était aussi un être totalement amoral, capable de sauvagerie ( coup de feu tiré sur Rimbaud, manie de poignarder ses amis, a tenté de tuer sa mère ), un ivrogne invétéré, auto-destructeur et peu reconnaissant envers ses amis et très faible face à la chair, quelle soit féminine, masculine, adulte ou enfant... Tout ça fait qu'on ne sait pas si on doit détester ou aimer le personnage qui peut être attachant et parfois si sensible, avide de liberté.
C'est donc un Verlaine malade, affaiblit par les critiques et la maladie que l'on retrouve dans ce roman avec pour décor un Paris décadent, miséreux et misérable composé de ses alcooliques, drogués, prostituées, d'artistes sans le sou, d'étudiants en manque d'idéaux, trouvant dans le poète un outil de révolte par l'admiration et le soutien qu'ils lui porteront.
Ce sont les trois derniers mois de la vie de Paul Verlaine que Jean Teulé nous narre sur fond d'anarchisme. Il nous gratifie encore de sa propre poésie, de sa plume vive et efficace, il est cru sans jamais tomber dans le vulgaire et la facilité.
Et le tout agrémenté de quelques magnifiques poémes de Verlaine et illustré des portraits réalisés par l'ami du poète, Frédéric-Auguste Cazals.
Et voici pour moi, un de ses plus beaux poèmes :
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est donc cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écoeure.
Quoi ! Nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon coeur a tant de peine !