La guerre de fin du monde de Mario Vargas Llosa est un roman de type historique et en quelque sorte du terroir (picaresque). Cet écrivain sud-américain de langue espagnole raconte dans ce roman un fait historique qui a eu lieu à la toute fin du XIXième siècle dans une région du Brésil qui s’appelle le sertão, à Canudos ville de l’état de Bahia.
L’esclavage a été aboli quelques années plutôt par la princesse Isabel et le Brésil n’est plus à présent une monarchie, mais une république. Les conditions de vie des gens les plus modestes n’ont pas changé pour autant, et ils sont en quelque sorte les serfs des grands propriétaires terriens.
Le sertão est une région souvent aride, et dans le roman on se trouve confronté aux conséquences d’une longue période de sécheresse qui a encore plus appauvri les sertanejos (se prononce sertanéjos et signifie habitants du sertão – dire sertaon en prononçant en même temps le a et le on et en faisant résonner la nasale).
C’est dans ce contexte qu’il faut essayer de comprendre comment autant de personnes ont suivi Antoine le Conseiller, prédicateur chrétien. Le refus de la République perçue comme l’Antéchrist par ses personnes a pour conséquence une déclaration de guerre du gouvernement contre ces traîtres à la patrie. Et en face des milliers de personnes cherchant leur salut dans Dieu.
Un anarchiste écossais veut rejoindre à tout prix la ville de Canudos pour étudier ce phénomène.
Ce roman qui est un gros pavé (un peu moins de 700 pages chez folio), est un peu lent au démarrage, mais il évoque admirablement bien la vie dans cette région (comme le fait aussi très bien l’écrivain brésilien Jorge Amado, cette région a été aussi chantée par Bernard Lavilliers) avec la violence humaine qui fait écho à la violence de la nature.
Cette histoire laisse beaucoup de questions sur comment autant de personnes peuvent suivre un personnage tel que le Conseiller, sur l’incompréhension de ce qui s’est réellement passé de la part des notables du pays, l’incompréhension entre l’anarchiste et les révoltés de Canudos, et la façon dont cet épisode historique a été minimisé par les autorités et les journalistes.
La fin du monde était prévue pour .... vous avez deviné, on est au 19ième siècle. Alors ... Pour 1900 bien sûr. En fait elle a eu lieu avant pour les habitants de Canudos.
Cette histoire m’a rappelé un roman sur Jean de Leyde qui s’était emparé avec les anabaptistes de Münster pour y fonder le Royaume de Dieu. L’aventure se finit de la même manière, même si les révoltés de Canudos paraissent moins outranciers que ceux de Münster.
Bref, le sujet de ce livre est fascinant. Mon amour du Brésil fausse peut-être mon jugement, mais je vous le recommande, même si le début est un peu lent.