Mon avis(Sans doute) L'un des pires présidents de l'histoire des USA dresse le bilan de ses 8 années à la Maison Blanche. Exercice quasi obligé pour un homme ayant exercé une telle fonction, mais aussi exercice périlleux lorsqu'on doit se justifier d'actes pas forcément glorieux. Voyons donc ce que nous raconte le cowboy texan…
Le titre du livre, Decision Points, décrit sa structure. Chaque chapitre est orienté autour d'une grande décision qu'il a prise. Par exemple, le début du livre raconte sa décision d'arrêter de boire. Il en profite pour parler de son enfance, de sa jeunesse et de sa famille. Il sera ensuite question de ses débuts politiques, du 11 septembre, des cellules souches, de Katrina, des guerres en Iraq et Afghanistan, etc.
Même s'il n'a sûrement pas tout écrit et qu'il y a eu un "nègre" pour rédiger le bouquin, on retrouve bien le caractère et la façon de parler de Georges Bush. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'est pas un grand écrivain. Je l'ai lu en Anglais et même moi je trouve le vocabulaire basique… A un moment, il dit avoir de l'admiration pour Churchill. Je rajouterais qu'en plus d'avoir eu un bilan politique beaucoup plus atroce que celui du Britannique, Bush, est assuré de ne pas être honoré comme son homologue en gagnant le Nobel de littérature.
Une chose qui m'a frappé est l'omniprésence de Georges Bush père. Son rejeton a beau s'en défendre et dire qu'il a su se détacher de l'influence paternelle, je ne compte plus les références à "dad". Qu'il l'admire, pas de problème, mais qu'il fasse autant référence à lui… ça donne presque envie de croire aux parodies des guignols.
Un autre aspect qui m'a carrément gêné est le ton solennel souvent employé. Il donne l'impression qu'à chaque grosse décision "j'étais conscient des risques et des pertes qui allaient venir, de la gravité de la situation, mais j'étais persuadé que c'est ce qu'il fallait faire pour protéger nos chers citoyens Américains et la liberté du monde démocratique". Je ne nie pas le fait qu'il a dû prendre des décisions extrêmement difficiles et qu'il a été embarqué dans une drôle d'histoire après le 11 septembre. Mais quand même…
Bien évidemment, ce genre de mémoires sert à dresser un bilan de son action, mais aussi (et surtout ?) à justifier ses actes aux yeux du monde. Ainsi, il expliquer ses décisions sans donner l'impression de comprendre les enjeux. Il justifie des entorses à la démocratie, au DIH, aux Droits de l'homme par la sécurité du peuple américain dans un discours qui en séduirait sans doute plus d'un mais qui est incorrect du point de vue de l'argumentation.
Le pire exemple (un peu technique désolé, mais qui m'a fait hurler de rire) est sa lecture du "CA3". Les 4 Conventions de Genève ont un article 3 commun qui assure une protection minimale à tout le monde : pas le droit de prendre en otage, torturer, violer, obligation de garantir la dignité humaine). Dans les faits, c'est le principal article du Droit International Humanitaire pour les conflits armés non internationaux. Sous prétexte que dans ce type de conflits il s'agit de la provision juridique la plus importante, Georges Bush estime que l'article n'est pas valable dans les conflits armés internationaux. Étrange pour le passage juridique qui est sûrement le plus universel au monde… mais cela donne l'occasion aux Américains de dire que certaines personnes ne sont pas protégées par le Droit et qu'ainsi ils peuvent faire tout ce qu'ils veulent avec. Inutile de revenir sur sa justification de ce que l'on peut qualifier de la torture, c'est trop pathétique.
Il justifie aussi l'invasion de l'Irak et de l'Afghanistan en soulignant les apports depuis les changements de régime. Certes, il y a eu des changements, mais 1. les Américains n'ont pas attaqué l'Afghanistan pour permettre aux jeunes filles d'aller à l'école et 2. les bilans globaux pour ces deux guerres sont loin d'être satisfaisants.
Bref, nous ne sommes pas en présence du nouveau chef-d'œuvre de la littérature. Il y a un clair manque d'autocritique. S'il fallait s'y attendre, il existe pourtant moult exemples où les auteurs ont su regarder leurs actions avec moins d'autosatisfaction. Il est toujours intéressant de voir le ressenti d'un homme qui a vécu et décidé des choses qui sortent de l'ordinaire.