Eluard

Eluard est un de mes poétes préféré tant par son originalité d'écriture que par la forme de ses poémes.
Il fait partie des surréalistes et la plupalrt de ses poémes tournent autour de l'amour qu'il a eu pour "Gala".
Celle qui fut l'amour de sa vie, sa muse, et qui le quittera en lui brisant le coeur pour un jeune peintre/sculpteur bien connu par ses célebres moustaches: "Dali".
De cet amour brisé naitront des poemes comme celui ci:

Leurs yeux toujours pur

Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l'horizon des mers,
D'heures toutes semblables, jours de captivité,

Mon esprit qui brillait encore sur les feuilles
Et les fleurs, mon esprit est nu comme l'amour,
L'aurore qu'il oublie lui fait baisser la tête
Et contempler son corps obéissant et vain.

Pourtant j'ai vu les plus beaux yeux du monde,
Dieux d'argent qui tenaient des saphirs dans leurs mains,
De véritables dieux, des oiseaux dans la terre
Et dans l'eau, je les ai vus.

Leurs ailes sont les miennes, rien n'existe
Que leur vol qui secoue ma misère,
Leur vol d'étoile et de lumière
Leur vol de terre, leur vol de pierre
Sur les flots de leurs ailes,

Ma pensée soutenue par la vie et la mort.

L'originalité de ce poème est sa forme libre ,composé de 4 quatrains et d'un quintil, et par sa ponctuation éparpillée.

Eluard nous fait part de son désarroi dans sa description des jours qui suivent la séparation :
des jours de lenteurs ...de fatigue
et de pluie ...sombres et tristes
de miroir brisé...l'image du mahleur symbolisé par le bris du mirroir
jours de paupières closes....des jours de dépressions, de replis sur soi même...

Lui qui brillait dans sa vie dans ses écrits n'est plus que l'ombre de lui même et courbe la tête.

Il peut se raccrocher au souvenir des yeux bleus de "Gala" et ce souvenir sera plus fort que son chagrin.
Mais son évocation indirecte à travers ses yeux bleus lui redonne une aspiration, un nouvel élan, une acceptation de sa condition et finalement son désir de vivre semble plus fort que sa pensée de mourir.

Ce poéme est une pure merveille et les images untilisées sont trés fortes.


La courbe de tes yeux

La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.

Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,

Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards

S'il y a bien une image que j'aime c'est celle de ce regard, la courbe de cte oeil qui enveloppe le coeur du poete d'une douceur d'amande.
Ce qu'il y a de fabuleux dans ce poeme ce sont les métaphores qu'utilise Eluard pour parler de l'oeil de son aimée par exemple:
-la mousse de rosée qui représente l'humidité et les larmes de l'oeil,
les roseaux du vent qui representent les cils,
les feuilles de jour ,les paupières...
les bateaux chargés du ciel, l'oeil ayant la forme d'un bateau vogant dans le bleu de l'iris qui ressemble au ciel...

Eluard nous montre la pureté, l'innocence, et la force de l'amour dans ce poéme , l'amour qui regit le monde,qui fait le monde et le construit et le fait exister.

Je connais Paul Eluard mais je me rappelais plus ce qu'il avait écrit, ("Mince! Qu'est-ce qu'il a fait déjà ?!")et pis là bah tu m'as éclairé quand j'ai lu le titre de "La courbe de tes yeux", ça a fait "tilt"dans ma tête et pis: " mais bien sûr! La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur...."
ahlala j'adore ce vers il est plein de douceur je trouve et très émouvant, tout comme le poème en entier !

Citation :

Ce qu'il y a de fabuleux dans ce poeme ce sont les métaphores qu'utilise Eluard pour parler de l'oeil de son aimée par exemple:
-la mousse de rosée qui représente l'humidité et les larmes de l'oeil,
les roseaux du vent qui representent les cils,
les feuilles de jour ,les paupières...
les bateaux chargés du ciel, l'oeil ayant la forme d'un bateau vogant dans le bleu de l'iris qui ressemble au ciel...

tout à fait d'accord ! C'est vraiment un poème très "imagé", je trouve ..
il nous emmène dans un monde de beauté, de douceur, et d'éclat... comme un jardin d'un palais dans les contes de fées, un pays merveilleux...

Citation :

C'est vraiment un poème très "imagé", je trouve ..
il nous emmène dans un monde de beauté, de douceur, et d'éclat... comme un jardin d'un palais dans les contes de fées, un pays merveilleux...

on pourrait en parler des heures tellement il y a de choses qui en ressortent.
Il y a aussi toute la partie sur la vision de la femme,ou du moins le fait qu'elle ne le voit pas et de cet amour un peu egoïste car son regard est posé sur le monde et non sur lui, et lui ne voit le monde que part ses yeux...
ahhh c'est trop genial!!

Eluard est l'un des seuls poètes que j'aime.

Déjà je suis assez d'accord avec ertaines de ses idées (j'ai lu la vie immédiate), ensuite aprce qu'il a un style vraiment bien, le surréalisme c'est bien!
edit shen: ah vi je suis d'accord avec toi....j'adore!


Un personnage et surtou une oeuvre très intéressante...

aaaaaaaaah depuis toute petite, dans la salle de bain chez ma grand mère je vois une feuille accrochée sur la porte, je la connais par coeur depuis toujours ... ça fait ça...







je le comprenais pas du tout quand j'étais tout ptite mais déjà je le trouvais trop beau... j'adore Paul Eluard !

Tiens je te met le lien pour l'avoir en entier et en prime tu pourras l'ecouter dit par Gerard Philippe:
ICI

J'avais ecrit ce poème sur le dos de ma première guitare lol ,c'est vrai qu'il est trés beau.
ce poème a été ecrit en 1942 dans une France occupée et il a été repris par tout les partisants.
C'est vrai qu'il ne fait pas parti dans sa construction a la poésie classique, car les vers sont courts, forts,et l'abscence de rîmes renforce ça mais bon Eluard n'aime pas trop les rimes lol....

En fait à ce moment la j'avais ressenti ce poème comme une immense déclaration d'amour à la vie, et du haut de mes 16 ans ces mots de liberté ,de justice avait touché mon ame rebelle d'ado lol.

Paul Eluard est le poète qui me touche le plus.
Je l'ai découvert avec un beau poème de résistance "Dit de la force de l'amour", que vous trouverez à la fin de mon message.

Mais concernant ses amours, vous avez parlé de Gala, et c'est vrai que cela fait partie d'une période primordiale de sa vie, mais Nush (son deuxième grand amour) lui a inspiré de très beaux poèmes. C'est la période Eluard que je préfère. A Gala qui lui inspirait le désir, la découverte des premiers sentiments, la jalousie, Nush a su lui faire vivre et écrire un amour d'adulte, sincère, complet. A sa mort, il a écrit "Ma Morte Vivante". Triste. La preuve, s'il en fallait une, que le décès de Nush l'a laissé désemparé.

Heureusement, après, il a rencontré Dominique, qui lui a redonné le goût de la vie et des poèmes d'amour heureux.

Je vous laisse découvrir ou redécouvrir ci-après les deux poèmes précédemment cités.

Dit de la force de l'amour

Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère.

Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haissent le mal.

La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe.

Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leur sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert.

Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre.

Tu rêvais d'être libre et je te continue.

Ma Morte Vivante
Dans mon chagrin rien n'est en mouvement
J'attends personne ne viendra
Ni de jour ni de nuit
Ni jamais plus de ce qui fut moi-même

Mes yeux se sont séparés de tes yeux
Ils perdent leur confiance ils perdent leur lumière
Ma bouche s'est séparée de ta bouche
Ma bouche s'est séparée du plaisir
Et du sens de l'amour et du sens de la vie
Mes mains se sont séparés de tes mains
Mes mains laissent tout échapper
Mes pieds se sont séparés de tes pieds
Ils n'avanceront plus il n'y a plus de routes
Ils ne connaîtront plus mon poids ni le repos

Il m'est donné de voir ma vie finir
Avec la tienne
Ma vie en ton pouvoir
Que j'ai crue infinie

Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.

J'aime beaucoup Eluard ...

Je l'ai decouvert au lycée et depuis j'ai lu beaucoup de choses de lui et j'apprecie vraiment beaucoup son style .

Ma morte vivante ...je l'ai etudié y'a deux ans ...j'adore le dernier vers ...

Citation :

J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres.

Je suis sensible à la poésie d'Eluard. Les deux poèmes donnés en exemple par Ga-L, me donnent la chair de poule tellement ils sont beaux, surtout "Ma Morte Vivante".
Je vais aller faire un tour sur le web pour trouver un recueil de ses poèmes. Un peu de poésie dans ma bibliothèque ne fera pas de mal.

C'est bizarre comme il y a des poèmes dont on peut parler et d'autre qui vous touchent au plus profond et ne sont que sensations.
Ma morte vivante fait parti de ceux là pour moi. C'est un poème qui me transperce et m'etreint le coeur comme aucun autre. Je ressens ce vide de l'absence, ce manque de l'être aimé et perdu avec l'espoir improbable de le voir reapparaitre, et cet abime qui l'entraine et sera son seul repos. Ce monde qui sans elle est aussi mort que les ténébres qui l'entoure. Il y a une telle souffrance dans cette insupportable absence!
C'est vraiment trés fort.
Mais moi aussi la phrase qui me touche le plus c'est la dernière:
"J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres. "

Je reviens sur l'histoire du poème "Liberté" car elle est extraordinaire.

Il a d'abord été intitulé "Une seule pensée" et il devait se conclure par le prénom de l'aimée de Paul Eluard à qui il le destinait. Mais en cette période de guerre, une seule pensée l'obsédait, au-delà de son amour pour Nusch : "Ce mot, liberté, n'était lui-même, dans tout mon poème, que pour éterniser une très simple volonté quotidienne, très appliquée, celle de se libérer de l'occupant..." a déclaré Paul Eluard. Il a donc rayé le titre original et l'a remplacé.

Mais le poème a d'abord été publié sous son titre original par Max-Pol Fouchet et a pu passer pour un poème d'amour, dupant ainsi les occupants-censeurs. Ce n'est qu'en 1943 qu'il sera publié à Londres sous le titre de "Liberté" et parachuté en des milliers de feuillets par la RAF sur le territoire français. Le poème deviendra dès lors un message d'espoir dans cette France occupée. Le poème sera illustré par Fernand Léger et exposé au Louvre en 1945.

Source : Oeuvres complètes tome 1, Gallimard - La Pléiade, 2002

En complément du lien laissé par Shen', en voici un autre pour écouter le poème dit par Paul Eluard

C'est très sympa Nimiane de nous avoir donné le lien pour écouter la voix de Paul Eluard. Je n'avais jamais entendu sa voix, alors forcément j'ai été très émue en l'écoutant déclamer l'un de ses poèmes les plus connus. Il n'en ressort que plus beau !!

Il y avait un autre poème que j'avais beaucoup aimé, en plus de "Ma Morte Vivante" et "Dit de la force de l'amour", je vous le ferai découvrir la semaine prochaine.

Me revoilà, avec un autre poème d'Eluard que j'avais beaucoup aimé. Je trouve qu'il est plein de compassion, de révolte aussi. Et il colle parfaitement à l'image que je me fais de ce poète de la Liberté.

Comprenne qui voudra



Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
A la robe déchirée
Au regard d'enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés

Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres

Une fille galante
Comme une aurore de premier mai
La plus aimable bête

Souillé et qui n'a pas compris
Qu'elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté

Et ma mère la femme
Voudrait bien dorloter
Cette image idéale
De son malheur sur terre.

Qu'en pensez-vous ? Est-ce que ce poème vous touche ?

Moi il fait plus que me toucher. Il a son écho dans un que j'ai posté dans les créations et qui s'appelle Jessy (je me compare pas a Eluard lol mais en le lisant que ne peux penser qu'à elle).