Petimuel Ecrivain
Nombre de messages : 253 Localisation : Champigny sur marne ; auprès de mon arbre, où je vis heureux Date d'inscription : 15/04/2005
| Sujet: Goncourt 2005- le Pont de Ran-Mositar Sam 8 Oct 2005 - 13:32 | |
| Le pont de Ran-MositarFranck PavloffLe roman Le pont de Ran-Mositar, de Franck Pavloff, pourrait se décrire de cette manière sèche et rugueuse : un « barbelé planté jusqu’au fond de l’âme ». Un « cri », aussi. Un long cri de vengeance, comme nous indique la quatrième de couverture. Deux pays émergent juste d’une guerre absurde et destructrice. Les économies sont ruinées, les bâtiments sont défoncés. Tous est fait, tout est à refaire. Les luttes de chacun sont mises à jour dans un monde déchiré où prédomine l’incompréhension. Les instincts les plus ancestraux sont réveillés : racisme, antisémitisme et xénophobie sont rois dans un monde de cartons et de murs en ruines. Les hommes vivent en bandes, réunis par la fin de la guerre, tous séparés par une même pensée commune. La peur de l’autre. Des rivalités enfouies se réveillent : lutte entre ceux du Nord et ceux du Sud, entre bûcherons et tailleurs de pierre, entre hommes et femmes, entre étrangers et « gens d’ici. » Dans cet univers sans queue ni tête, Schwara, un mystérieux bûcheron du Nord, entreprend un voyage à travers les restes des villes du Sud à la poursuite d’un but inconnu. Irini, une jeune fille du Sud, se débat dans ce monde en cendres, cherchant un point rationnel, un appui d’où s’agripper. Leurs aventures ne seront qu’un prétexte au portrait que brosse Franck Pavloff d’un monde déchiré par la guerre, rendu fou par sa propre folie. La guerre a engendré la haine, « ou bien est-ce le contraire ? ». Le frère se méfie du frère, le père de la mère. Des liens se nouent entre personnes opposées, d’autres que l’on croyait solides se brisent rapidement. A travers cette univers satyre et empreint d’irréel, dans lequel des grands-mères tirent des appareils de body-building, et où se mêlent appareils de pointe et ancêtres technologiques, il faut voir le reflet de notre propre humanité, paraissant rationnelle mais sans but réel, emprisonnée dans une boucle infernale de laquelle on ne peut sortir. On regrettera une intrigue un peu trop épaisse, qui finit par nous décourager : nous ignorons tout du lieu de l’action et du but de Shwara, mystères qui, à la longue, nous lassent de ne pas trouver de solution immédiate. | |
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