Lecture de Novembre : Candide de Voltaire

Voilà, je me suis replongée dans Candide que je n’avais pas ouvert depuis le lycée (c'est-à-dire plus d’une trentaine d’années…) et ma foi, je suis impressionnée par l’actualité des thèmes abordés ! Cela me confirme bien sûr que le XVIIIe siècle - « siècle des lumières » - est le siècle de la réflexion et qu’il nous a laissé une forte empreinte des pensées de ses quatre grands philosophes sur la société et ses mœurs, la politique et le pouvoir, la religion, l’homme et sa destinée, l’éducation et l’instruction. Voltaire évoque toutes les questions qui le préoccupent notamment la religion, la morale et la politique dont il défend l’idée de démocratie. A travers Candide, il dénonce toutes les formes de violence : la guerre, l’intolérance, le fanatisme religieux, l’esclavage. Cependant l’homme qui connaît la vie gagne l’expérience et la sagesse, donc tout espoir n’est pas perdu puisque le bonheur est accessible pour qui sait le trouver. Oui, en effet, Candide me parait être un roman toujours actuel car les problèmes soulevés par Voltaire ont un véritable écho dans le quotidien de notre société.

Candide dénonce l’absurdité de la violence sous toutes ses formes. D’abord, la guerre que Voltaire nomme « la boucherie héroïque » à laquelle Candide refuse de participer. Trop d’événements autour de nous attestent que cette réalité est toujours présente dans notre monde. Il n’est qu’à regarder ce qui se passe autour de nous et notamment la guerre en Irak. Par ailleurs, l’intolérance et le fanatisme religieux sont également autour de nous, chaque jour des innocents en meurent. Quelle que soit la religion et la région du monde, il y a partout des fanatiques qui, au nom de leur religion, sont à prêts à mourir et à tuer au nom de leur « dieu » et pensent être des héros comme ces kamikazes qui se transforment en bombe humaine. Ce sont les « autodafés » de notre époque.

A cette violence de l’homme contre l’homme vient s’ajouter celle des fléaux extérieurs.

En effet, les tremblements de terre et les tempêtes secouent toujours notre planète. L’homme n’a pas de prise contre ces fléaux naturels qui peuvent le frapper à tout moment. C’est ainsi que chaque année, les tempêtes, ouragans, cyclones et tremblements de terre tuent des milliers de personnes et l’homme ne peut que constater les dégâts et son impuissance. De plus, la maladie frappe toujours des millions de personnes, ce n’est plus la vérole ou la peste comme au XVIIIe siècle, mais les ravages causés par le sida représentent un fléau de notre temps, ainsi que d’autres maladies qui touchent les populations les plus pauvres et qui n’ont pas les moyens d’être soignés.

Si l’homme ne peut lutter contre la nature, il peut cependant se ménager une place pour le bonheur. Car, derrière cette vision tragique du monde, il y a l’espoir du bonheur qui est accessible à qui sait profiter de son expérience de la vie et « cultiver son jardin ».

Candide nous montre que l’argent ne fait pas le bonheur. On peut avoir tout l’or du monde, ce n’est pas cela qui fera le bonheur. Que ce soit l’argent et les bijoux de Cunégonde ou les richesses avec lesquelles Candide quitte le pays de l’Eldorado, les mésaventures qui leur arrivent prouvent que l’argent n’est pas la clé du bonheur. Il faut donc le chercher ailleurs. Les voyages forment la jeunesse, ouvrent l’esprit et fondent une expérience personnelle, mais au bout du compte, il faut tirer les enseignements de cette expérience et ainsi s’apercevoir que la vie sociale se situe dans le partage avec les siens. C’est là la clé du bonheur, avec ce petit cercle qui nous entoure où chacun trouve sa place pour être utile et peut exercer librement son propre talent, qu’il « faut cultiver son jardin ».

Effectivement, tous les grands thèmes évoqués dans Candide, la dénonciation de la violence, les fléaux naturels et enfin l’espoir, sont transposables à notre époque et c’est aussi le constat qu’en plus de deux siècles, notre société n’a pas tellement évolué…

Bien sûr, Nimiane a entièrement raison dans son analyse de Candide.

Ce que j'aimerai rajouter c'est une petite réflexion sur le style de Voltaire et sur la lecture à tiroir qu'offre Candide.
D'abord, j'ai l'impression que Voltaire s'amuse en écrivant Candide. Il s'amuse en parodiant les romans courtois et leurs conventions stupides (le héros doit être malade, le héros doit ci, doit ça...). Il fait une satire de la société, surtout la parisienne avec ces salons organisés pour détrousser les invités, les commérages et la profusion des pièces de théâtre et les commentaires de ceux qui n'y connaissent rien...
Il ridiculise la philosophie de Leibniz, dont Pangloss est le representant en titre.
Il règle ses comptes avec ceux qui ont déprécié ses livres ou ses pièces de théâtre.
Il écorche la réputation des jésuites dont il a reçu l'éducation...
Tout ça, sous les allures d'un conte fantaisiste.
Je trouve cet homme tout simplement acerbe et diabolique tout en révélant une vision moderne d'un monde différent qui ne cesse d'être à l'ordre du jour !

A part ça, j'ai été étonné du libertinage de certains passages. Avec des formules à allure proverbiale et qui n'ont pas l'air d'y toucher, il brosse des tableaux bien fripons, je trouve.

Enfin, je me suis régalée à sa re-lecture. Et je pense que j'ai bien mieux saisi que lorsque je l'ai lu pour l'école !

Déja merci Ojascoj, tu m'as fait prendre de l'avance sur ma lecture scolaire, nous allons étudier Candide. J'aime beaucoup le style de Voltaire je ne sais pas vraiment pourquoi mais son écriture m'emporte. C'est un livre court donc facile à lire.

Mmmmm... je ne suis pas sure que ça soit un service de rendu !
Ca aurait été mieux d'en profiter pour lire autre chose en novembre, non ?
Je trouve aussi que Voltaire a un style très particulier. Sans doute à étudier en rapport avec la censure qui sévissait alors.

J'avais aussi lu Candide au collège mais cette relecture m'a fait un grand bien. Je suis aussi étonné par l'actualité des propos de Voltaire et de la clairvoyance de son analyse du monde qui l'entoure.

Et ce que je retiens par dessus tout moi aussi est que l'on sent que Voltaire s'est amusé à l'écriture de ce livre. Cela se sent à la lecture et la rend d'autant plus agréable qu'en y pensant c'est plutôt une tragédie qui se joue dans la vie de Candide.

Oui, et j'ai carrément rigolé à certains passages alors que le fond, effectivement, n'est pas si amusant que ça.
Mais je trouve que Voltaire a le sens de la formule qui fait mouche !
Je me suis beaucoup amusée en le lisant.

Vous commentaires sont déjà bien fournis et il est difficile de rajouter quelque chose de pertinent en plus de ce que vous avez déjà dit.

Ce livre est un classique (je l'ai aussi lu en cours à l'époque). Si comme vous j'aime bien son style d'écriture, je connais plusieurs personnes qui n'aiment pas sa manière d'écrire. Mais, opinion personnelle, malgré la distance du langage du XVIIIe avec le notre, je trouve que Voltaire a une plume très agile et agréable, un peu moqueuse.

Sur l'humour de Voltaire (Je me base sur Candide et Zadig, un autre conte dont je parlerais plus bas), il faut reconnaître que certains "gags" sont un peu dépassés et que de nos jours nous ne rions pas vraiment pour les même choses. Mais l'auteur est perpétuellement ironique et certaines de ses petites remarques font toujours mouche. Il est clair que pour l'apprécier à sa juste valeur, il faut dépasser l'humour pourri et vulgaire de Bigard...Voltaire est un raffiné (tout en tenant des propos qui pourraient facilement devenir grossiers).

L'histoire de Candide est excellente. On retrouve une vraie aventure, mais avec un sens critique très poussé et pertinent. Vous avez raison, Voltaire est vraiment d'actualité (cela me fait penser à une polémique sur l'un de ses textes, joué l'an dernier à Genève). Ce qui fait la force de l'auteur, c'est sa capacité à traiter de choses tragiques tout en restant amusant, en faisant rire. L'ironie est présente dans son oeuvre. Il y a juste un risque, c'est que l'on ne le comprenne pas. Certains s'offusquent de ce qu'ils prennent pour des moqueries dans son oeuvre alors que justement il faut le prendre au second degrés. Voltaire est bel et bien un homme des lumières, un penseur à l'esprit et à la plume agiles, un auteur qui mérite toute notre attention pour son actualité. Son Traité sur la tolérance devrait être cité plus souvent...

S'il n'est pas immensément considéré parmi les philosophes (ce qui se justifie assez à mon sens), il reste un auteur de littérature engagée. Il n'écrit pas que pour faire plaisir ou divertir, ses textes ont un message.

Je prends pour exemple un petit conte (que je viens seulement de lire hem...) très connu: Zadig. S'il fait partie des textes légers et divertissant que l'auteur a écrit, il n'en reste pas moins que cette petite histoire fait réfléchir. Zadig, un babylonien vertueux, sage et malin est victime de toutes sortes de malheurs. Dès qu'il agit, et ses actions sont toujours bonnes, il en subit des conséquences difficiles, un peu à la manière des héros malchanceux que l'on retrouve souvent dans l'art en général. Au final, on retrouve cette idée du grand horloger, mais après moult péripéties.

Bref, Voltaire est un bol d'air de réflexion et mérite toute notre attention.