4eme de couverture Plus cynique qu‘Ubu,
Plus sadique que Maldoror,
Plus cruel que Fantômas,
Plus drôle que Moravagine,
GOG !
« Pour moi j'ai peur de m'être trompé de planète. Ici, je suis beaucoup trop à l'étroit. Il n'y a pas assez de place pour moi. Ou peut-être me suis-je trompé de siècle ? Mes vrais contemporains sont morts depuis des millénaires, ou plutôt ils sont encore à naître. Il m'arrive de penser que l'Atlantique pourrait être mon domaine d'exploitation ; l'Afrique, ma chasse réservée ou mon jardin d'hiver ; l'Amérique du Nord, mon usine avec les administrations annexes ; l'Amérique du Sud, la pâture de mes troupeaux ; et l'Europe, mon musée et ma villa de repos. Mais ce ne serait encore qu'un genre de vie bien mesquin. Avoir l'Atlantique pour piscine, le Pacifique pour vivier, l'Etna pour calorifère ; prendre sa douche sous le Niagara ; avoir l'Australie comme jardin zoologique et le Sahara comme terrasse pour bains de soleil, ce sont là des choses qui, pour les petits êtres stupides, logés sur cette sphère de cinquième grandeur, paraîtraient prodigieuses ou monstrueuses. Pour moi, au contraire, il faudrait quelque chose de plus. Être le Conquistador suprême, le directeur de la vie universelle, l'ingénieur en chef au théâtre du monde, le grand prestidigitateur qui jongle avec terres et mers, voilà quelle serait ma véritable vocation. Mais quand on ne peut se faire Démiurge, la carrière de Démon est la seule qui ne déshonore pas un homme parvenu à dominer la masse. (.) Avec quelle volupté je me vengerais alors du désespoir où m'entretient l'idée de mon insupportable petitesse. »
Un roman “ cynique, sadique, maniaque et hyperbolique ”.
GOG est le défilé des artistes, des inventeurs et des ingénieurs les plus originaux de leur temps, qu‘un milliardaire excentrique et cosmopolite fou “ collectionne ” pour tromper son ennui. La “ musique du silence ”, la “ sculpture invisible ”, la “ chirurgie morale ”, la vente aux enchères de la république, une collection de coeurs d‘animaux vivants. Tout, dans cette civilisation régie par le nombre et par le progrès, finissant par se vendre, cet homme qui peut tout acheter se meurt d‘ennui et d‘horreur. Amateur de contre-pieds, de paradoxes, de simulacres, Papini délivre, avec humour et exagération, une vision du monde dénuée de tout romantisme, mais ponctuée de quelques éclairs oniriques que n‘auraient pas reniés Borges ou Chesterton.
L’auteur, Giovanni Papini Philosophe, érudit et polémiste, Giovanni Papini (1881-1956) a épousé toutes les avant-gardes (idéalisme, pragmatisme, futurisme), avant de se convertir de manière spectaculaire au christianisme puis de se rapprocher, à rebours de tout son itinéraire, du fascisme.
Figure centrale du bouillonnement intellectuel florentin, celui qui se définit comme un « farfadet anti-académique » fut l’animateur de dizaines de revues iconoclastes, dont la très futuriste Lacerba. Il écrivit son autobiographie à l‘âge de 25 ans (Un homme fini). Misanthrope riant, qui rêvait d‘organiser des autodafés hebdomadaires des manuscrits médiocres et des livres sans talent, Papini ne déparerait pas l’Anthologie de l‘humour noir.
A Noter: GOG à recu le prix nocturne qui recompense "les ouvrages oubliés, d'inspiration insoliste.
Ce que j'en pense: Complètement Insolite. C'est un gros gros coup coeur. Je me suis véritablement régalé ! Il faut aimer les écrits un peu hors norme et l'humour noir. On ne peut pas décrire cet ouvrage, ce serai lui oter l'essentiel. Je dirai juste que c'est un voyage dans notre société sous l'oeil d'un énergumène blasé, toujours en quête d'un idéal. Il est question de rencontres avec les grandes figures du siècle (Lénine, Freud, Wells...), de philosophie, d'expériences les plus insolites. Le personnage de GOG peut paraitre très étrange et agaçant, néanmoins il a un point de vue lucide et acéré sur la réalité. Par contre la mise en page est un peu laborieuse ! C'est des colonnes de journaux... C'est assez fatiguant.
Voies Parrallèles :
Le MiscellanéeClaude Ponti le monde et inversement Extrement fort et incroyablement près