C'est avec beaucoup de plaisir, que je feuillette actuellement le
Dictionnaire amoureux des chats. Et comme je sais qu’il y a ici beaucoup de gens qui aiment les chats, j’en profite pour vous faire partager ce petit bonheur de lecture.
Mais on est sur un forum de lecture. Je ne peux pas raconter n’importe quoi...
J’aurai pu évoquer, vous rappeler, le
Chat Botté ou
Perché.
Alice et le chat souriant du Cheshire.
Théophie Gauthier, Belzébuth et son
Capitaine Fracasse.
(comment ça, y a pas de topic sur Gautier dans ce forum ??).Colette aussi, j’aurai pu... Elle a tellement aimé les chats...
Mais en fait, je vous propose un peu de poésie. Le chat et la poésie.
« Les amoureux fervents et les savants austères... », ça vous dit quelque chose ?
La première phrase a réveillé en moi des souvenirs de collège, de lycée, des heures passées à essayer de tirer quelque chose de ces poèmes, entre Spleen et Idéal. Vous aurez reconnu, je pense, le grand Charles Baudelaire.
Dans ce dictionnaire, on apprend, par Théophile Gauthier, que
« Baudelaire adorait les chats, comme lui amoureux de parfums, et que l’odeur de la valériane jette dans une sorte d’épilepsie extatique ». Voilà un poème assez troublant, mais Baudelaire m’a toujours troublé, que ce soit en bien ou en mal. Mais là, il y a la douceur de nos félins domestiques, leur majestuosité, leur façon de s’abandonner aux caresses, ce côté obscur que la superstition leur a laissé.
Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.
Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;
Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Et voici deux quatrains d’autres poèmes de Baudelaire, auxquels je m’identifie complètement (j’ai un chat Moïse, et c’est le plus beau et le meilleur chat du monde) :
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et charmant.
Quand il miaule, on l'entend à peine,
Ou encore
Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.
J’espère que cette petite pause poétique et féline vous aura apporté un peu de réconfort en cette soirée d’hiver.
Je reviendrai plus tard, quand j'aurai poursuivi ma lecture de ce dictionnaire, évoquer pour vous les chats, la littérature, et les écrivains qui les ont aimé.
En attendant, une photo du plus beau chat du monde