Alberto Manguel

Je ne sais pas trop dans quelle partie du forum mettre cet auteur dont je n'ai lu que deux essais que je vais vous présenter ici mais que j'adore.
J'ai été étonnée que Nimiane ne l'ait pas encore présenté car je sais qu'elle le connaît bien.

L'auteur : biographie piquée sur Evene.fr

Citation :

Né d'un père ambassadeur, Alberto Manguel passe ses plus jeunes années en Israël avant de revenir en Argentine. Il sert de lecteur à Jorge Luis Borges, devenu complètement aveugle, et s'immisce dans le milieu de l'édition. Il voyage beaucoup entre Paris (Gallimard, Denoël) , Londres (Calder & Boyard) , Milan (Franco Maria Ricci) et Tahiti. Devenu citoyen canadien en 1985, il publie son premier roman, 'La Porte d'ivoire', en 1981, et s'installe en France en 2001. Journaliste pour la presse, la radio et la télévision, il est à l'origine de nombreuses anthologies, romans, traductions et des essais. La reconnaissance arrive en 1998 avec 'Une histoire de la lecture', prix Médicis essai, qui suscite à la fois l'intérêt des lecteurs et de la critique. La même année, il publie un enchanteur 'Dictionnaire des lieux imaginaires', suivi en 2000 de 'Dans la forêt du miroir', essai sur les mots et sur le monde, puis du 'Livre des images' en 2001. L'écrivain se fait ensuite biographe, en publiant successivement 'Chez Borgès' en 2003 et 'Kipling, une brève biographie' l'année suivante. Grand amateur d'histoires, Alberto Manguel possède cet enthousiasme qui ravit ses lecteurs.

Je voudrais vous présenter Une histoire de la lecture mais pour laquelle, je ne ferais pas de commentaire car mes souvenirs sont trop épars et La bibliothèque la nuit que je viens de finir.

Une histoire de la lecture :

4e de couverture :

Citation :

Célébration heureuse de la plus civilisée des passions humaines, qualifiée par George Steiner de "lettre d'amour à la lecture", cettte histoire écrite du côté du plaisir et de la gourmandise est un livre savant qui se lit comme un roman d'aventures. Parti à la recherche des raisons qui ont fait aimer le livre à travers les âges - et parfois l'ont fait cible d'exécuteurs totalitaires - l'auteur entreprend en effet un voyage dont chaque étape lui est occasion de détours, de visites, de réflexions. La ferveur d'Alberto Manguel est si communicative que l'on se prend à être impatient de la suite comme s'il y avait une intrigue en cours. Et il y en a une... En effet, cette histoire de la lecture est aussi une histoire du lecteur, de sorte que la passion qui la sous-tend s'accompagne d'une véritable étude des moeurs- moeurs des scripteurs, des passeurs, des liseurs, des lecteurs.

Brève remarque perso : C'est amusant parce que je me souvenais de ce livre comme l'histoire des lecteurs et non de la lecture. Je me rappelle simplement que les propos m'avaient vivement intéressés et que le style de l'auteur m'avait plu. c'est pour ça que lorsque j'ai vu le deuxième titre que je vais vous présenter sur les étals des libraires, j'ai eu une envie débordante de l'acheter et de le lire.

La bibliothèque, la nuit :

Présentation de l'éditeur :

Citation :

Qu'elle soit constituée de quelques livres ou de volumes par milliers, qu'elle obéisse à une classification rigoureuse ou aléatoire, qu'elle soit "de Montaigne" ou d'Alexandrie, qu'on veuille la détruire (comme, si près de nous, à Sarajevo, à Kaboul, à Bagdad) ou l'ériger, qu'elle soit mentale, comme chez Borges ou institutionnalisée - avec heures d'ouverture et réglementations - qu'elle ait pour résidence de vastes bâtiments aux aullures de nefs ou de temples ou qu'elle joue les passagères clandestines dans des cartons (n'est-ce pas Nim' !) entre deux déménagements, que les livres qui la composent soient alignés sur des étagères de bois blanc ou d'acajou massif, qu'est-ce qu'une bibliothèque, sinon l'éternelle compagne de tout lecture - son rêve le plus cher ?
Pourtant, entre les plaisirs offerts par le chaos généreux d'une caverne d'Ali Baba ou ceux, plus austères que procure le classement, entre infini et rayonnages, faut-il nécessairement choisir ? Et n'y a-t-il pas quelque présomption à vouloir sédentariser non les livres mais les textes, par définition nomades ? Existe-t-il un ordonnancemnet idéal du grand thésuarus livresque de l'humanité ? Pour peu que, à l'instar d'Alberto Manguel, on ait affronté en combat singulier, et toute une vie durant, la nature profonde de la bibliothèque, telles sont bien les insondables questions que soulève, in fine, cet espace prétendument banal - voire, pour certains parfaitement démodé !
Après "une histoire de la lecture", Alberto Manguel offre donc ici un essai "contigu", au propos lumineusement complémentaire, d'où il appert que construire une bibliothèque, privée ou publique, n'est rien de moins qu'une mise à l'épreuve d'ordre philosophique dont l'avènement annoncé de la blibliothèque électronique ne saurait réduire la portée.
Voyage au coeur de nos livres et histoire de leurs demeures, La bibliothèque, la nuit, en faisant la part belle aux heureuses ténèbresque l'imaginaire de tout lecteur se plaît à hanter, nous rappelle à quel point les livres, réinventant sans fin la "bibliothèque" qui les accueille, sont seuls maîtres de la lumière dans laquelle ils nous apparaissent- ces livres qui en savent décidément sur nous bien davantage que nous sur eux"

Ce que j'en pense : Cette lecture est un vrai délice. D'abord, j'étais morte de jalousie lorsqu'il décrit la bibliothèque qu'il a fait construire chez lui. J'aimerai trop y faire un tour. Et j'avais l'impression de lire les propos d'un ami, tellement il traite le sujet de manière intimiste.
J'avais l'impression de faire partie des amis dont il parle avec qui il a l'habitude de converser à l'ombre de sa bibliothèque et j'ai pensé intensément à Nimiane (et ses 4000 livres qui cherchent encore leur bibliothèque), à Lisel (La voleuse de livres), à Helen Hanff, au jeune dont le nom m'échappe, héros d'A l'ombre du vent... et à tant d'autres personnages réels ou fictifs amoureux des livres. Ce livre nous plonge dans notre amour pour les livres, dans l'agencement de nos propres bibliothèques. Si parfois cet amour s'apparente à la folie, il est aussi constitutif d'une part de notre personnalité. Bref, ce livre parle de nous, lecteur en commençant par parler de lui et de son auteur. Je suis aussi muette d'admiration et d'envie lorsqu'il parle de Borgès qu'il a connu et d'autres amoureux des livres. C'est aussi très intéressant de voir que depuis que les hommes pensent, ils aiment les livres.
Je suis assez confuse pour en parler mais j'ai l'impression avec ce livre d'avoir levé le voile d'un secret, d'une énigme.
Bref, j'ai l'impression que ce livre m'a rendu plus intelligente et cultivée que ce que je suis, tout ça sans être rébarbatif mais sur le ton d'une conversation entre amis.

C'est vrai que j'avais préparé un petit article que je n'ai pas posté... Je viens de le retrouver, alors, je le mets tel que...

Je vous aime Monsieur Manguel !

Dire que vos écrits me parlent serait bien plat ! Ils me touchent directement, vous écrivez si bien ce que je ressens à l'évocation de ces mots : lecture, livres, bibliothèque... mais tellement mieux que je ne pourrais jamais l'exprimer ! Aussi, il me paraît évident d'ouvrir cette rubrique avec vous, tout comme vous me tenez régulièrement compagnie dans ma vie de lectrice et d'amoureuse des livres, vous veillerez sur moi tel un oncle, car c'est bien tel un oncle bienveillant que je vous aime.

Il y avait déjà cette superbe, grandiose, merveilleuse histoire de la lecture (Actes Sud, 1998) qui ne me quittait pas, que je parcours régulièrement avec délectation, le sourire aux lèvres et le stylo et le carnet de notes à portée de mains. A la longue, je me demande si ce n'est pas le livre entier que je vais finir par y avoir recopié... Mais pour moi, ce passage, plus que tout autre fait écho en moi et depuis la première fois où je l'ai lu, je crois qu'il n'y a pas eu un jour sans qu'il me trotte dans la tête...

"J'aime contempler mes bibliothèques encombrées, pleines de noms plus ou moins familiers. Je trouve délicieux de me savoir entouré d'une sorte d'inventaire de ma vie, assorti de prévisions de mon avenir."


Et voilà que l'automne dernier, La Bibliothèque, la nuit (Actes Sud, 2006) est venue rejoindre et compléter cette fabuleuse histoire de la lecture. J'y déambule tout aussi régulièrement, m'en délecte à chaque fois et je n'ai pas fini de m'y retrouver puisque sous peu, je vais me retrouver confrontée à l'aménagement de la bibliothèque. Sortir les livres des cartons, les toucher, les sentir, les redécouvrir et... chercher comment les ranger sur les rayonnages sans oublier : "Ce qui fait d'une bibliothèque un reflet de son propriétaire, c'est non seulement le choix des titres, mais aussi le réseau d'associations qu'implique ce choix. Notre expérience se construit sur l'expérience, nos souvenirs sur d'autres souvenirs. Nos livres se construisent sur d'autres livres qui les modifient ou les enrichissent, qui leur confèrent une chronologie différente de celle des dictionnaires de littérature." et encore moins : "Une bibliothèque privée, contrairement à un établissement public, offre l'avantage de permettre une classification fantaisiste et éminemment personnelle."

Je continue mon voyage avec vous, Dans la forêt du miroir (Actes Sud, 2000) ou en parcourant Le livre d'images (Actes Sud, 2001), c'est toujours un merveilleux voyage que je fais en votre compagnie, que ce soit avec les livres du Journal d'un lecteur (Actes Sud, 2004) ou dans les pages du Dictionnaire des lieux imaginaires (Actes Sud, 1998) ou encore Pinocchio & Stevenson (L'Escampette, 2005) et bien d'autres ouvrages...

Pour tous ces mots, pour tous ces merveilleux moments : merci.

4ème de couv (source évène)
Qu'elle soit constituée de quelques livres ou de volumes, qu'elle obéisse à une classification rigoureuse ou aléatoire, qu'elle soit de Montaigne ou d'Alexandrie, qu'on veuille la détruire ou l'ériger, qu'elle soit mentale, comme chez Borges, ou institutionnalisée, qu'elle ait pour résidence de vastes bâtiments aux allures de temples ou qu'elle joue les passagères clandestines dans des cartons, entre deux déménagements, qu'est-ce qu'une bibliothèque, sinon l'éternelle compagne de tout lecteur - son rêve le plus cher ? Pourtant, entre les plaisirs offerts par le chaos généreux d'une caverne d'Ali Baba ou ceux, plus austères, que procure le classement, entre infini et rayonnages, faut-il nécessairement choisir ? Et n'y a-t-il pas quelque présomption à vouloir sédentariser, non les livres mais les textes, par définition nomades ? Existe-t-il un ordonnancement idéal du grand thésaurus livresque de l'humanité ? Alberto Manguel offre donc ici un essai 'contigu', au propos lumineusement complémentaire, d'où il apparaît que construire une bibliothèque, privée ou publique, n'est rien de moins qu'une mise à l'épreuve d'ordre philosophique dont l'avènement annoncé de la bibliothèque électronique ne saurait réduire la portée. 'La Bibliothèque, la nuit' nous rappelle à quel point les livres, réinventant sans fin la 'bibliothèque' qui les accueille, sont seuls maîtres de la lumière dans laquelle ils nous apparaissent - ces livres qui en savent décidément sur nous bien davantage que nous sur eux.



L'auteur (idem)

Fils de diplomate, la vie d'Alberto Manguel s'inscrit très tôt sous le signe du voyage. En tant qu'éditeur, il parcourt le monde entre Paris - où il travaille pour Gallimard et Denoël - Londres, Milan et Tahiti, avant d'obtenir la nationalité canadienne en 1985. L'auteur publie son premier roman, 'La Porte d'ivoire', en 1981, et s'installe en France en 2001. Journaliste pour la presse, la radio et la télévision, il est à l'origine de plusieurs anthologies, romans, traductions ou essais. La reconnaissance arrive en 1998 avec 'Une histoire de la lecture', prix Médicis essai, qui suscite à la fois l'intérêt des lecteurs et de la critique. Toujours en défenseur de la fantaisie et de la littérature, il publie un enchanteur 'Dictionnaire des lieux imaginaires', suivi en 2000 de 'Dans la forêt du miroir', essai sur les mots et sur le monde, ou encore 'Pinocchio et Robinson' en 2005. L'écrivain se distingue également comme biographe, en publiant 'Chez Borgès', un auteur qu'il connaît très bien pour avoir été son lecteur et assistant personnel, et 'Kipling, une brève biographie'. Grand amateur d'histoires, Alberto Manguel possède un talent et un enthousiasme qui lui valent un succès constant.


Ce que j'en pense :

 « Si, le matin, la bibliothèque suggère un reflet de l’ordre sévère et raisonnablement délibéré du monde, la bibliothèque, la nuit, semble se réjouir de son désordre fondamental et joyeux »

J'ai eu un véritable coup de foudre pour ce livre. Pourtant les essais ne sont pas ma tasse de thé à la base. Une fois lu la première page je n'ai pas pu me défaire. C'est un ouvrage assez dense mais tellement intéressant. Alberto Manguel propose un voyage particulier au coeur d'une bibliothèque (la sienne, puis il étend sa remarque à d'autres exemples) afin d'élargir notre regard sur cette pièce. Il essaye d'en donner une définition large, c'est un reflet de notre personnalité, c'est un lieu de savoir où l'on essaye de conserver des documents, un lieu de travail ...
Beaucoup de remarques m'ont frappé, celle du classement (ordre alphabétique ou par thème) ou alors celles sur le fait que certains lecteurs conversent la trace du passage d'autres avant eux, cela m'a frappé parce que je me suis moi même « observée ». Quelle relation ai-je avec mes livres ?
Il évoque pendant tout un passage le bonheur de déballer ses livres pour les ranger, cela permet de ce souvenir d'un épisode de sa vie (où et quand tel livre a été lu, la sensation que l'on a eu à la lecture à cette époque...
Il pointe aussi le problème de la censure « volontaire ou non » dans chaque bibliothèque mais aussi la relation qu'ont les livres entre eux : Tel passage de tel livre va évoquer tel citation dans un autre ouvrage, les livres communiquent entre eux.
Les chapitres sont très documentés avec des citations (d'auteurs plus ou moins connus, plus ou moins récent -minimum inconnu et maximum 2004 ce qui offre un panorama large. J'ai apprécié que l'auteur s'intéresse aux bibliothèques de tous les pays -enfin pas tous mais dans toutes les parties du globe pour étayer ses propos. J'ai voyagé au Japon, au Liban en Angleterre Argentine... Via des bibliothèques.
Enfin, tout au long du livre on découvre l'historique des bibliothèques connues (Alexandrie, Montaigne, les bibliothèques nationales... avec bien souvent des illutrations c'est une vraie mine d'information. Bref je crois que ce livre va me hanter encore longtemps et va me servir pour la suite de mes études.

Tu devrais lire ces autres livres. J'avais écrit sur celui-ci dans le topic au nom de l'auteur et moi aussi j'avais adoré.
Je viens de finir La cité des mots qui est un recueil de conférences qu'il a animées en 2007 et ça m'a aussi passionné.
Faudrait que je fasse un topic mais j'avoue qu'en ce moment j'ai un peu de mal à organiser ma pensée.

Wouuups dans ma précipitation j'ai oublié de regarder si un sujet existait dejà.
Mais en tout cas je vais suivre ton conseil et essayé de trouver "la cité des mots " et acquérir pour de bon " la bibliothèque la nuit" pour la suite de mes études! Cet auteur m'a l'air érudit et en même temps il garde une écriture accessible

Edit Shen: Et hop sujets fusionnés^^

et il y a aussi "une histoire de la lecture". Tous ces livres m'ont passionnée et c'est vrai que dans le cadre de tes études, il est surement intéressant.