Je suis très étonnée de ne voir sur le forum aucun livre de Joseph Kessel présenté.
J'ai lu aussi Le lion comme j'imagine à peu près tout le monde mais je ne m'en souviens pas suffisamment pour le présenter.
En revanche, je viens de terminer Les cavaliers et ça me permet de réparer l'oubli de cet auteur, pourtant singulier et puissant.
L'histoire :
Dans les grandes steppes du Nord de l'Afghanistan se pratique un jeu de cavaliers : le bouzkachi. Il s'agit de se battre pour enlever le crane d'un bouc et l'amener jusqu'au cercle de justice après un parcours déterminé. C'est un jeu violent où tous les coups sont permis mais ceux qui y jouent, les tchopendoz, sont considérés comme une élite. Parmi eux, Toursène, à la tête maintenant chenue, est le plus grand, jamais battu à ce jeu à cheval. Son fils Ouroz, tente de l'égaler et mieux de le surpasser et fait preuve d'un orgueil et d'une solitude impressionnants. Lorsque le roi organise le premier bouzkachi royal à Kaboul, Ouroz compte bien le gagner sur l'étalon élévé par son père, Jehol...
Ce que j'en pense :
J'ai préféré vous raconter le début de l'histoire plutôt que la 4e de couverture. Mais en fait maintenant j'hésite et je me demande si elle ne serait pas plus à même de vous donner envie de plonger dans ce livre. Bien sûr, c'est une histoire d'équitation mais c'est surtout une formidable aventure humaine, mais dans tout ce qu'elle a de mauvais : l'envie, la cruauté, le rêve de gloire, la cupidité, la haine, l'égoïsme.
Pendant tout une partie de l'histoire cela m'a même rendue mal à l'aise car il me semblait qu'aucun personnage n'était bon (dans le sens de la bonté). J'ai regretté un peu les caractères un peu frustres de beaucoup et j'y ai vu le jugement de l'auteur sur des codes et une culture éloignée. Mais la force des sentiments, le cheminement infernal d'Ouroz et de son saïs (palefrenier) Mokkhi de Kaboul à sa province du Nord de l'Afghanistan est tout simplement ensorcelant.
Kessel est le maître dans la description des lieux et j'ai senti le vent glacial, j'ai glissé sur les dalles vertigineuses, je me suis reposée sur les tapis des maisons de thé et j'avais très envie de goûter ce thé noir, sirupeux et brûlant qu'ils boivent sans arrêt.
Au delà de l'histoire autour du bouzkachi, c'est vraiment celle de rapports de force humain et de la manière que trouve un homme de dépasser une défaite et de chercher l'approbation et l'amour d'un père.
Bref, ce livre m'a laissé une forte impression et j'aimerai bien partager cette lecture avec vous.