Carmilla, de Joseph Sheridan Le Fanu

==> La jaquette ne fait pas forcément envie, mais Carmilla est un jalon essentiel posé sur la route du fantastique. En effet il introduit un personnage jusque là délaissé, le vampire, qui va être remis à l'honneur environ 30 ans plus tard par Bram Stocker, avec "Dracula".
Si aujourd'hui le suspens est un peu désuet, car le vampire fait partie de l'inconscient collectif, il faut se rappeler qu'à l'époque c'est une création à part entière et que ce texte, entre le roman et la nouvelle, est en tout points original. Pourtant le pari de refaire un roman gothique, bien après que le courant se soit épuisé, y compris en Angleterre, qui est le berceau du genre, aurait pu paraître un pari osé, même en en renouvelant les personnages principaux.

La principale originalité, outre l'apparition du vampire, et également par opposition du chasseur de vampires, absent jusque là, est également le lieu de l'action, qui se passe bien sûr non loin de ruines gothiques, comme le genre le recommande, mais néanmoins se place dans un décor riant peu propre à inspirer la peur. Le style, assumant complètement de faire revivre un genre épuisé, est archaïsant, peut-être à outrance, mais ce qui apparaitrait ailleurs comme un défaut s'intègre ici parfaitement dans le récit.

Et voilà la biographie habituelle de l'auteur, avec un fait intéressant, avec la dépression dont il souffre après la mort de sa femme, état d'esprit dans lequel il a écrit ses récits les plus connus, dont Carmilla.