Tahar Ben Jelloun - Partir

Tahar Ben Jelloun ! Voici un auteur que j'étais persuadée d'avoir déjà lu et en fait, rien de rien. Dans son dernier ouvrage - que je vais vous présenter ici - il y a un récapitulatif de toute son oeuvre. J'y ai bien retrouvé "le racisme expliqué à ma fille" (mais que je ne connais que de nom) mais aucun autre titre ne m'a dit quoique ce soit !

D'ailleurs, honte à moi (et pardon Dali si tu passes par là), je le confonds avec Marek Halter et avec Amin Maalouf !
Va savoir pourquoi !
Donc, pour ceux qui ne situeraient pas bien l'auteur,il est né à Fès en 1944 et a obtenu le prix Goncourt en 1987 pour La Nuit Sacrée.

Mais quelques mots sur le livre, tout de même !

L'histoire :
Le Maroc n'est séparé que par un détroit de 40 kilomètres (Gibraltar) de l'Espagne. A Tanger, le soir, on voit même les lumières ibériques au loin.
L'Espagne, c'est l'Eldorado de tous les laissés pour compte du Maroc. Ceux qui n'ont pas trouvé leur place dans le système, ceux qui ont été broyé par lui. Des profiteurs entassent ces rêveurs d'ailleurs dans des barques et la plupart se noie avant d'arriver en face ou se fait cueillir par des soldats qui les renvoient illico vers leur pays d'origine.
Azel est cultivé. Il a étudié le droit mais n'a jamais trouvé du travail. Il rêve comme Malika, Siham, Nourredine et les autres de partir, quitter le Maroc et n'y revenir que chargé d'or et de gloire d'une situation qu'il croit facilement faite en occident.
Ce livre raconte son histoire à lui et celle de tous les autres qui ne rêvent que de s'enfuir de leur pays. Plusieurs moyens sont possibles et sont narrés.

Ce que j'en ai pensé.
Ce livre est avant tout une galerie de portraits. Tous n'ont qu'un rêve mais la manière dont chacun choisit de le réaliser différe. Certains y perdent tout ou presque. D'autres gardent le cap malgré tout.
Les personnages sont ultra attachants, tous très humains.
Mais j'ai été frappée par la tristesse et la désespérance qui jaillissent de ces lignes. On sent que l'auteur aime profondément son pays mais qu'il n'y trouve pas son compte, qu'il souffre de cette hémorragie tout en reconnaissant les raisons qui poussent ces compatriotes à prendre ce chemin.
Je crois que partout dans le monde où un pays moins avancé jouxte un autre plus industrialisé, ce genre de drame se joue. Comme pour le livre de Taslima Nasreen, en finissant cette lecture, je suis plein de révolte contre ce monde inégalitaire et sordide qui semble toujours laisser les méchants, les corrompus, les pervers imposer leur loi.