Guerre et Paix - Tolstoï

4e de couverture :

«- Ah ! enlevez ces... enlevez donc ces... (Elle désignait les lunettes.)
Pierre les enleva. Son regard n'était pas seulement étrange comme l'est d'ordinaire celui des gens qui enlèvent leurs lunettes, il était apeuré et interrogateur. Pierre voulut se pencher sur la main d'Hélène et la baiser, mais d'un mouvement rapide et brutal de la tête, elle s'empara de ses lèvres et y appuya les siennes. Le visage d'Hélène frappa désagréablement Pierre par son expression égarée.»

Sur l'auteur : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Tolsto%C3%AF

Léon Tolstoï, de son vrai nom le comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï (en russe : Лев Николаевич Толстой), né le 9 septembre 1828 (le 28 août selon le calendrier julien) à Iasnaïa Poliana en Russie et mort le 20 novembre 1910 (le 7 novembre selon le calendrier julien) à Astapovo, est un des écrivains majeurs de la littérature russe, surtout par ses romans et ses nouvelles, riches d'analyse psychologique et de réflexion morale et philosophique.

Ainsi, l'une de ses grandes œuvres, Guerre et Paix (1869), est une reconstitution historique et réaliste des guerres napoléoniennes en Russie, mais c'est aussi une réflexion sur la violence inspirée par des conflits comme la guerre de Crimée (1853-1856) durant laquelle il a été mobilisé et qu'il relate dans les Récits de Sébastopol.

Par ailleurs, Tolstoï entame à partir des années 1870 une quête spirituelle et religieuse qui se reflète dans ses œuvres : il multiplie alors les considérations philosophiques qu'il mêle aux événements romanesques comme dans Anna Karénine, l'histoire d'une passion dramatique dont la publication finale date de 1877, et plus encore dans Résurrection (1899), où le héros en plein débat moral rencontre la figure du Christ.

À la fin de sa vie, il devient une sorte de maître à penser prônant une vie simple et morale et combattant les institutions oppressives et les formes de violence : il a eu de ce fait une grande influence sur des personnalités comme Mahatma Gandhi, Romain Rolland et bien d'autres.

Bibliographie : http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_Tolsto%C3%AF

Romans

*Les Cosaques, 1863
*Guerre et Paix, 1864-1869
*Anna Karénine, 1873-1877
*Résurrection, 1899

Nouvelles

*Récits de Sébastopol, aussi intitulés Récits du Caucase, (1855)
*La Matinée d’un seigneur (1856)
*Deux hussards (1856)
*Lucerne (1857)
* Albert (1857)
*Trois Morts (1859)
*Le Bonheur conjugal, aussi intitulé Katia, (1859)
*Polikouchka (1863)
*Le Cheval aussi intitulée Kholstomer (1885)
*La Mort d'Ivan Ilitch (1886)
*La Sonate à Kreutzer (1889)
* Aliocha Gorchok
*Le Réveillon du jeune tsar
*Après le bal
* Ainsi meurt l'amour
*Les Mémoires d'un fou
*Histoire d'Ivan le petit sot (conte philosophique)
*Histoires pour les enfants
*Mikhaïl, (1893)
* Maître et serviteur (1895)
*Une paysanne russe
* Le Cadavre vivant, (1900)
*Hadji-Mourat (1904)
*Alexis le Pot (aussi intitulé Une âme simple) (1905)
*Journal posthume du vieillard Fedor Kouzmitch (1905)
*Ce que j'ai vu en rêve (1906)
*Le Père Basile (1906)
*Quels sont les assassins ? (1908)
*Khodynka (1910) - Dernier écrit littéraire de Tolstoï, composé quelques mois avant sa mort.
*Marchez pendant que vous avez de la lumière
*Le Père Serge, publiée post-mortem (1911)
* Le Diable, publiée post mortem (1911)
*Le Faux Coupon, autre traduction Le Faux billet publiée post mortem (1911)

Théâtre

*La Puissance des ténèbres (1887)
*Les Fruits de la science (1890)

Mon avis :

Guerre et Paix, c'est pour moi LA grosse claque dans la catégorie "les-classiques-ne-sont-pas-forcément-chiants". Alors que pourtant tous les ingrédients pour former un livre "intellectuel" (comprenez : prise de tête et ennuyeux) sont là : c'est gros (2.000 pages, 2 tomes, 1.000 pages par tome), c'est russe (donc : compliqué, forcément), la thématique est sérieuse (eh oui, la guerre au 19e, sur 2.000 pages, bonjour la prise de tête !). Dire qu'on a lu (pire encore : aimé !) Guerre et Paix, c'est donc LE snobisme (et souvent le mensonge-qui-rend-intellectuel-car-ça-en-impose) par excellence.

Je n'attends pas d'avoir fini la lecture du tome 2 pour en parler parce que d'ici-là j'aurais peut-être oublié les 3/4 de ce que je voulais dire...je ferais un post sur le tome 2 quand je l'aurai fini.

En tout cas je peux d'ores et déjà dire que j'ai vraiment adoré la 1ère partie !! J'aime me trouver dans ce monde créé par Tolstoï, un peu à la Balzac, où tout le monde se trouve(ra) mis en contact avec les autres personnages, qui sont incroyablement intéressants et bien rendus par ailleurs. J'adore les voir évoluer chacun de leur côté, parfois ensembles...ce que j'aime en fait c'est ce projet très 19e siècle de la peinture complète du panorama social dans et par la fiction (d'où ma référence à Balzac).
Alors même si objectivement certains personnages pourraient devenir assez agaçants à la longue (je ne citerai que Nicolas Rostov, dont le ridicule des réflexions pourrait être parfois consternant), l'écriture de Tolstoï est tellement efficace qu'il a beau nous exposer leurs défauts sans fard, qu'au lieu de les juger le lecteur ne peut faire autrement que de les comprendre et leur pardonner leurs faiblesses.

Ce que j'appelle cette "efficacité" en fait, c'est la capacité de description qu'a Tolstoï. Les raisonnements des personnages ainsi que les descriptions de paysages sont extrêmement bien rendus, très évocateurs. Moi qui ne suis pas une fana de description et qui pour tout dire y suis peu sensible, je me suis trouvée propulsée en pleine forêt pendant une partie de chasse ! Et même s'il y a des longueurs (la focalisation sur Nicolas et son bataillon semble interminable), j'ai tout lu avec un égal intérêt. Ce qui m'a semblé assez étonnant, vu la taille du livre (1.000 pages par tome quand même !).

J'avais vu la série de Robert Dornhelm sortie en 2006,

(lien vers mon post : https://livrebd.forumactif.com/t2448-guerre-et-paix-robert-dornhelm-2006?highlight=guerre )

et j'avais tellement adoré que ça m'avait donné envie de lire le livre. C'est sûr que sur 2.000 pages, ils ont beaucoup simplifié pour faire tenir l'intrigue sur 4 épisodes, mais peut-être du fait même que je n'avais pas encore lu le livre à ce moment-là j'avais beaucoup aimé.

Ce serait néanmoins très dommage d'en rester à la série car le livre est bien plus profond. Les personnages sont plus fouillés et complexes, ça regorge de réflexions très justes sur la vie, la mort, l'amour,...avec régulièrement des formules que j'ai souligné dans le livre tellement ça me semblait être exactement ça. Ce que je ne pense pas très souvent. A ce niveau-là, c'est une mine d'or !

Ce qui m'a bluffé en sommes c'est la justesse de ce livre, à tous les niveaux possibles. Ça peut sembler pompeux de dire ça, mais ce que j'ai trouvé de si rare dans ce livre, et c'est pour cela qu'il me plaît tant : c'est la vie même, à chaque page.

PS : je trouve formidable le travail de Boris Schœlzer, le traducteur, qui fournit des annexes bien utiles (beaucoup de notes à la fin du livre, une notice biographique de Tolstoï ainsi qu'un sommaire avec de brefs résumés de chaque chapitre, du type :
"Livre 1er, 1ère partie, chap. 1 : A Pétersbourg - Soirée chez Anna Pavlovna Scherer - Conversation entre celle-ci et le prince Basile Kouraguine". Le Paradis pour les étudiants qui cherchaient un moyen de se repérer dans cette oeuvre imposante !).