Pourquoi aime-t-on les contes ?

Pour avoir des éléments de réponse à cette question je vous conseille 2 ouvrages plutôt pour les adultes (c'est de la philosophie) :
"Psychanalyse des contes de fées" de Bruno Bettelheim, une vision très freudienne des contes de fées, donc réductrice mais néammoins intéressante.
"La petite fille dans la forêt des contes" de Pierre Péju, un point de vue philosophique qui privilégie la part de l'enfantin qui est en chacun de nous, on peut le voir aussi comme une réponse au livre précédent qui ouvre les significations du conte, d'ailleurs Pierre Péju y dit ce qu'il pense du livre de Bruno Bettelheim.
Pierre Péju a eu le prix Inter pour "La petite chartreuse", mais c'est une autre histoire. J'ai aussi renconté cet auteur à Ecrivains en Grésivaudan en 2003 et il est très intéressant, même s'il faut s'accrocher pour saisir les concepts qu'il développe. Dans "La petite fille dans la forêt des contes" il insiste notamment sur la différence entre l'enfantin et l'infantile, il parle de la signification de la forêt dans les contes, et parle de la place active de la fille dans ces récits. Il a étudié les romantiques allemend, notamment les frères Grimms et d'autres auteurs qui ont receuilli la tradition orale et ont accompli en réel travail de création en les retranscrivant.
Je pense qu'il est très intéressant de lire les deux livres pour avoir sa propre opinion sur les contes.

Citation :

Je pense qu'il est très intéressant de lire les deux livres pour avoir sa propre opinion sur les contes.

D'accord mais les contes forgent notre imaginaire et je ne suis pas sûre qu'il faille donner une explication à tout.
J'aime bien B. Bettelheim, j'avais lu un bouquin de lui quand je rédigeais mon mémoire à l'école d'infirmière.

Je pense aussi qu'il ne faut pas suranalyser. D'autant qu'en cherchant bien on peux trouver une signification à à peu près tout.

Concernant les contes je les aime tout simplement parce qu'ils me permettent de voyager un p'tit peu à moindre frais. Et pi c'est tout

Quand j'étais en 1ère année à la fac, j'ai étudié les contes de Perrault! J'ai beaucoup aimé ce travail, et en fait ce qui est amusant, c'est de retrouver les anciennes versions des contes, et on s'aperçoit qu'ils ont été bien modifiés pour coler à la morale. Je pense qu'on aime les contes, car ce sont des allégories de la vie réelle, et que ça nous arrange de voir cette vie sous forme d'image.
Dans la version populaire de La Belle au bois dormant, le prince, c'est pas un gentil monsieur!! il se rapproche plus du loup!!! Il a violer la princesse pendant son sommeil, et de ce viol, elle va enfanter des jumeaux, Aurore et Jour, qui vont la reveiller en tétant son doigt, où se trouve l'aiguille qui la tient endormie... Le conte de Perrault a volontairement oublié cet épisode du conte car il ne convient pas à la morale, et je trouve dommage que des contes soient modifiés pour ne pas choquer. Si on regarde bien, il y a un conte important qui n'a jamais été utilsé par Disney, c'est Peau d'âne, car il y a le problème de l'inceste, difficilement adaptable pour des enfants! Pourtant, quand j'étais petite, c'était un de mes contes préférés, et pourtant l'inceste ne m'a jamais choquée dedans... ça ne me choquait pas que le père désire épouser sa fille... ( j'devais avoir un problème :sniff: )
C'est trés interessant d'analyser les contes, mais je ne crois pas que ça soit vraiment utile, car cette analyse, l'enfant qui lit le conte, n'en tient pas compte, et ça casse la beauté du l'histoire... Il y a plusieurs niveaux de lecture et chacun y voit ce qu'il veut... les psychologues vont y voir des choses que le simple lecteur ne verra pas, mais est il plus bête pour autant? non, certainement pas! le conte est une allégorie de la vie, chacun a sa propre vie, donc un même conte peut avoir une signification diffférente pour 2 personnes..
Bon, je crois que je me suis un peu éloignée du sujet là, mais ça reste sur le conte, donc c'est pas grave!!!!!

J'aime beaucoup les contes, un de mes préféré est peau d'âne. Ce que j'aime surtout, c'est de découvrir l'origine des contes. À cause de Walt Disney, pratiquement tous les contes ont étés transformés. Je trouve intéressant de lire l'originale après avoir vu les Walt Disney. Comme Cendrillon et Blanche-Neige. Selon la version des frères Grimm, il n'y a pas de baiser qui réanime à la fin de Blanche-Neige. Et dans Cendrillon, la belle-mère force à une de ses filles de se couper les orteilles pour entrer dans la pantoufle, et à l'autre, de se couper le talon...

[quote="clems"]Pourtant, quand j'étais petite, c'était un de mes contes préférés, et pourtant l'inceste ne m'a jamais choquée dedans... ça ne me choquait pas que le père désire épouser sa fille... ( j'devais avoir un problème :sniff: )[quote] En fait presque toutes les petites filles veulent épouser leur papa (pour reproduire le schéma maman-papa qu'elles ont sous les yeux, et elle ne voient pas de meilleur époux que leur papa, puisque c'est celui que leur maman a choisi ! (bon ça c'est mon interprétation) donc c'est normal que l'histoire de peau d'âne ne t'a pas choquée, de plus c'est un inceste désincarné, platonique (du moins dans la version que j'ai lue). C'est d'ailleurs pour cela que ce conte est intéressant, il parle du tabou de l'inceste car la princesse refuse d'épouser son père.

Sinon, je tenais à préciser que Pierre Péju dénonce l'analyse psychanalytique des contes de fées qu'il juge réductrice, et au contraire il met en avance la part de mystère (qu'il ne tente donc pas d'expliquer) qu'il y a dans les contes, et il nous propose quelques éclairages qui ne réduisent pas la richesse des contes mais l'augmentent.

Ensuite, les contes originaux sont très violents, comme les mythes. Il s'agit certainement d'antiques mythes. Pierre Bordage nous a dit qu'il pensait que la force des mythes et des textes religieux résidait dans le fait qu'ils déclenchent en nous des mécanismes inconscient lors de leur lecture, et que c'est pourquoi il ne fallait pas se laisser emprisonner dans un dogme qui nous expliquerait comment on doit les interpréter. C'est pourquoi les versions édulcorées perdent la puissance originelle. Les déclics ne peuvent plus se produire.