Goncourt 2005- La Possibilité d'une Île - Michel Houellebecq

La possibilité d'une île
Michel houellebecq



La possibilité d’une île, de Michel Houellebecq , est un roman cru et acéré. Il relate l’histoire de Daniel, un humoriste vedette, qui gagne des sommes colossales avec ses spectacles antisémites et vulgaires. A travers ses mémoires, il relate l’échéance de sa femme, la vieillesse qui ne cesse de le rattraper, son adhésion à une secte curieuse, perdu dans un monde en régrès constant, un monde où la cruauté et le mensonge sont rois, où les chiens sont plus chanceux que les hommes et où la vieillesse est signe de déchéance, de perte, de mort…Entre deux chapitres intervient son clone futur, Daniel 24, qui réagit en lisant les mémoires de celui qu’il nomme Daniel 1.

Ce qui est très étonnant, dans ce roman, c’est à la fois la cruauté et la justesse des idées, des pensées, des raisonnements. Des situations, aussi. L’auteur oublieles bons côtés de ce monde pour n’en dépeindre que les mauvais, avec tant de justesse, que ceci a pour effet immédiat de nous mettre mal à l’aise. Car Michel Houellebecq est un fin observateur, et sa fiction semble une réalité au visage de serpent, une grande vérité présentée nue, sans broderies, sans effets particuliers tant elle est dure à entendre. L’auteur n’a pas besoin d’avoir recours à de quelconques artifices, les idées qu’il veut transmettre sont déjà insupportables, et pourtant tellement crédibles qu’elles semblent réelles. Peut-être le sont-elles, d’ailleurs…

Un roman noir qui met mal à l’aise, un style qui dérange et des vérités qui blessent, ce livre est une délicieuse souffrance, un doux instrument de torture. Ces cruelles pages se savourent pleinement, mais une fois tournée la quatrième de couverture, un besoin de réconfort se fait sentir. Un livre qui nous perd, qui nous menace, qui nous guide et qui nous aide. Autant de contradictions, qui s‘emboîtent avec une justesse déconcertante. Ce livre a la prétention de nous dépeindre notre société d’aujourd’hui, de demain et de plus tard. A-t-elle atteint son but ? Le monde présent dans ces pages est-il vraiment le nôtre ? Sera-t-il le nôtre ? a-t-il été le nôtre ?
Des questions sans réponse posées par ce roman, et qui méritaient de l’être.

J'ai un gros problème avec cet auteur : l'image qu'il donne de lui même en interview et à la télévision. Je la trouve antipathique à souhait et c'est pour cette raison que je n'ai jamais lu de livre de lui.
Pourtant on dit partout que c'est un auteur de génie (et ce bien avant son dernier roman). Alors plutôt que d'écouter les critiques littéraires j'ai pensé m'adresser à vous pour me faire une idée.

Parce que tout le bruit médiatique qui l'entoure a réussi malgrès tout à piquer ma curiosité mais je suis sceptique...

Alors Houellebecq auteur de génie véritable ou producteur de vent de génie ?

J'ai commencé la possibilité d'une île en Espagne et je l'ai momentanément arrêté, gênée par la misogynie évidente de cet auteur. Du coup j'ai lu de bons présages et je viens de m'y remettre parce que je suis tenace puis mon copain a trouvé ça génial, mais pour le moment nos avis diffèrent.
Je te dirai ça bientôt....

shenzy a écrit:

J'ai commencé la possibilité d'une île en Espagne et je l'ai momentanément arrêté, gênée par la misogynie évidente de cet auteur. Du coup j'ai lu de bons présages et je viens de m'y remettre parce que je suis tenace puis mon copain a trouvé ça génial, mais pour le moment nos avis diffèrent.
Je te dirai ça bientôt....

Pour tout te dire j'avais vu que tu avais commencé le livre et j'attendais ton avis avec impatience . Je serais donc patient . Mais si d'autres ont lu cet auteur dites moi ce que vous en avez pensé.

Je vais tenter de répondre comme ça, de tête, parce que je n'ai pas mes carnets de lecture sous la main. Mais, déjà, ça, c'est un mauvais présage ! Ca veut dire que je n'en ai pas gardé un souvenir impérissable...

J'ai donc lu :

Plateforme : un roman dont je me souviens peu. Si ce n'est tout de même le style incisif, mais je ne saurais développer... Il me semble qu'il était pas mal question de sexe dans cet ouvrage ; mais le sexe plus dans la souffrance que dans la beauté... J'ai le souvenir d'une lecture qui m'a été déplaisante.

La poursuite du bonheur : recueil de poèmes. J'ai beau chercher, c'est le néant complet...

Lanzarote : récit de voyage (aux Canaries) dans lequel il met le doigt sur les travers des voyages organisés et de ces touristes que l'on croisent partout en mettant l'accent sur leurs clichés (les Anglais qui ne voyagent qu'avec leurs produits et restent en vase clos, les Allemandes homosexuelles, etc.). C'est acide mais un peu facile.

Les particules élémentaires : je ne me souviens de rien... l'ai-je lu ? lol

Je ne suis pas sûre d'être très constructive dans cette réponse... Je n'accroche pas non plus sur le bonhomme. L'image qu'il donne de lui ne me parle pas du tout, ou plutôt me parle négativement de quelqu'un d'imbu de sa personne, sans générosité, qui porte un regard dédaigneux sur les autres...

Cela dit, je lirai La possibilité d'une île car évidemment cela m'interpelle quand j'entends crier à ce point au génie ! Mais j'attendrai la sortie en poche (faut pas exagérer quand même !!! lol)

J'en retire de tout les échos que j'en ai eu c'est que soit on aime soit on aime pas mais il y a rarement de demi mesure.
Les femmes sont plus gênées comme moi par le coté misogyne et imbu de personnage comme tu dis.
Pour les particules élémentaires j'en garde un assez bon souvenir mais je dis bien "assez bon".
Jonk je te laisse le site officiel:

Michel Houellebecq

Vala aprés lecture je reviens un peu sur mon jugement des premières pages.
AUtant dire que je n'apprecie toujours pas le style d'ecriture de Houellebecq, ni son coté mysogine, ni son point de vue sur la vieillesse (surtout la façon dont il en parle chez les femmes qui je trouve est degradante au possible) je n'aime pas ce sur quoi on l'aime c'est à dire son coté cynique mais par contre il a ddes reflexions sur la vie et certaines personnes, sur lui enfin sur "Daniel" qui m'ont plu.
Je reste assez mitigée sur ce bouquin mais pas de la à me replonger dans un autre de ses livres. Je crois que je m'en tiendrai là.

J'aime beaucoup Houellebeck. Comme pour Harry Potter, il ne faut pas s'arrêter au battage médiatique dont il fait l'objet (et dont il est sans doute complice).
Sa principale qualité, c'est de n'être pas politiquement correct. Ce qui est TRES agréable dans un pays où l'on nous offre un canevas de prêt à penser, où les philosophes (de droite comme de gauche) sont à la solde du pouvoir...
Houellebeck est un provocateur et met le doigt là où ça fait mal. Quand il fait dire à son narrateur que les hommes et les femmes ne sont plus rien à 40 ans, il ne fait que constater une realité sociale. Il n'approuve pas cela, il décrit ce qui se passe dans nos sociétés. Dernièrement aux infos, j'ai entendu que dans le monde de l'entreprise un homme de plus de quarante ans est appelé "senior". J'avoue avoir eu un choc. Mais ça ne fait que confirmer la thèse de Houellebeck.
Houellebeck ne décrit pas le monde tel qu'il voudrait qu'il soit mais tel qu'il est... Il prend le contre pied de ce que disent les intellectuels actuels... et c'est une grande bouffée d'oxygène... Pour ce qu'il dit des femmes, c'est la même chose, il y a une bonne dose de provocation et de cynisme... et l'image qu'il donne des femmes est très proche de celle qu'on nous renvoie dans les clips video de M6... Il décrit une réalité sans la dénoncer de façon explicite mais avec beaucoup d'amertume et de cynisme. Il ne la cautionne pas mais c'est vrai que sa vision du monde est si pessimiste qu'on peut en être choquée. C'est pourtant un moraliste, presque une prâline qui donne beaucoup d'importance à l'amour ... il juge tout ... mais il n'aime pas le consensus mou...
Je crois qu'il faut ajouter sa vision très négative du monde est liée à un état dépressif qui le poursuit depuis des années... et qui donne à ses écrits tant d'acidité et de noirceur...
Trois de ses livres m'ont beaucoup plu :
-Extension du domaine de la lutte (très marrant et assez light pour commencer);
- Les particules élémentaires (extra, peut-être parce que c'est le premier quej'ai lu);
- La possibilité d'une île (très bien)
Par contre j'ai detesté Plateforme (j'ai eu l'impression que c'était un livre de commande, que Houellebeck faisait du Houellebeck et tentait de surenchérir sur sa réputation sulfureuse).

Encore un mot, ce que j'apprécie beaucoup, c'est qu'il parle du monde actuel tel que nous y vivons tous les jours avec la télé, le cinéma américain, internet... ce que nient beaucoup d'écrivains français actuels qui semblent vivre dans un monde sans supermarché, où tout le monde passe sa vie au théâtre à renconter des gens passionnants et intéressants, où personne n'a entendu parler de la télé, encore moins d'internet... On croirait lire parfois des romans du XIXè...

J'ai fini "La possibilité d'une île" de Houellebeq, et comme le dit si bien Petimuel, ou d'autres parmi vous, cet auteur met le doigt où ça fait mal, il décrit que les mauvais côté de la société humaine et son analyse est d'autant plus désespérante qu'elle est juste. Mais Daniel, le narrateur du livre ne voit que les mauvais côtés de la vie humaine et on peut se demander pourquoi désirer la vie éternelle dans ces conditions ?
Donc un livre qui ne peut pas laisser indifférent, qui rappelle des vérités qu'on aimerait bien oublier comme la déchéance des corps avec l'âge, mais qui oublie d'autres aspect de la nature humaine, comme la compassion, la spiritualité, l'amour (non-charnel), et d'autres valeurs qui font que la vie vaut la peine quand même.

Ainsi, pour répondre à Jonkalak : je ne chercherai pas à lire des livres de ce genre (ce n'est pas bon pour le moral) mais c'est intéressant d'en lire au moins un car ça remue et nourrit la réflexion.