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 Belle du seigneur - Albert Cohen

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shenzy
Princesse aux petits pois.
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shenzy


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MessageSujet: Belle du seigneur - Albert Cohen   Belle du seigneur - Albert Cohen EmptyMer 15 Déc 2004 - 1:44

Belle du seigneur est le livre de référence de toute une génération et un chef d'oeuvre de la littérature. Il est le troisième livre d’une tétralogie, situé après Solal en 1930, et Mangeclous en 1938. Il a été publié tardivement en 1968, viendra ensuite le quatrième livre titré Les valeureux en 1969.
Mais les quatre livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres
Ce livre soulève plusieurs sujets mais le principal reste le récit d'un amour et d'une passion qui peu a peu se décompose.
Le résumé que je vais laisser n'est pas de moi mais je l'ai trouvé tellement bien fait que je ne ferai pas mieux :

- Ariane est belle, jeune, elle porte le nom d’Auble, celui de ce qui fut une des plus grandes familles genevoises, dont elle constitue, avec son vieil oncle, l’ultime ressortissante. Mais, à son grand regret, ce nom s’éteindra sous peu, vu que, comme elle le dit elle-même, si elle a un jour des enfants, « ce ne sera jamais que des Deume ». Car Ariane est mariée… Elle a dit oui à Adrien Deume, gentil petit bourgeois fonctionnaire, alors qu’elle se rétablissait péniblement d’une tentative de suicide, encore perdue dans les vapeurs de l’overdose. Elle mène à ses côtés une vie qui l’ennuie, car elle n’aime pas son mari, ou plutôt pas comme une femme, et assume sa solitude avec courage, laissant déborder son imagination à travers de longs monologues sans ponctuation, ou si peu, de véritables flots d’âme… elle dit qu’elle « se raconte ». Il est important de ne pas prendre à la légère ces pages entièrement couvertes des élucubrations de l’héroïne ; en effet elles constituent une source primordiale d’informations diverses sur sa psychologie (d’ailleurs marquée d’une candeur relativement enfantine quelque part), qu’il est essentiel de cerner afin de l’accompagner dans l’évolution de son existence à travers les pages…
Un beau jour, elle reçoit la visite pour le moins inopinée d’un singulier vieillard, qui la surprend dans sa chambre après s’y être introduit par la fenêtre. Il lui fait une éclatante déclaration d’amour, ponctuée des sourires passionnés qu’il lui lance, autant de trous béants où brille une unique dent blanche… La belle, épouvantée, recule puis projette un verre qui atteint au visage le hideux soupirant. Celui-ci, l’œil sanglant, arrache ses hardes de mendiant, le papier collant noir qui l’édentait, et s’offre au regard d’Ariane sous les traits du jeune et beau Solal, quatorzième du nom, Sous-Secrétaire-Général de la renommée Société des Nations (où travaille l’époux de la jeune femme), homme riche et envié, sans doute possible parfait en tous points ! Là, il lui assène à nouveau son amour, mais d’une manière brutale et étrangement désenchantée. Il avait osé espérer que le brillant discours et l’intelligence d’un vieillard éclopé aurait suffi à la séduire, mais le sang à son sourcil dissipe ses illusions : « A notre prochaine rencontre, lance-t-il, et ce sera bientôt, en deux heures je te séduirai par les moyens qui leur plaisent à toutes, les sales, sales moyens, et tu tomberas en grand imbécile amour, et ainsi vengerai-je les vieux et les laids, et tous les naïfs qui ne savent pas vous séduire, et tu partiras avec moi, extasiée et les yeux frits ! En attendant, reste avec ton Deume jusqu’à ce qu’il me plaise de te siffler comme une chienne ! ». Il la laisse mortifiée et furieuse…
Par la suite, en effet, il charmera cette femme, qu’il aime malgré tout, avec force dîners, beaux mots et valses effrénées. Ils vivront ensemble une passion violente, exclusive, et secrète, qui fera naître chez chacun des sentiments dévastateurs…
Une idée les obsède : celle de la mort, évoquée sourdement tout au long du livre dans les paroles des deux amants (en règle générale, ils s’échangent le rôle du narrateur à chaque nouveau chapitre), comme une obsession qui les fait souvent parler, à la place d’une personne humaine, d’un cadavre décharné…
Une peur les oppresse : l’ennui, le quotidien, la monotonie de l’habitude. A plusieurs reprises, leur relation prenant des allures de routine établie, Solal optera délibérément pour la douleur et la souffrance et perturbera leur équilibre, ne pouvant que remarquer que cela les menait aussitôt vers un regain d’amour, l’amour " comme à Genève ".

Ce que j'ai aimé dans ce livre c'est la façon de raconter cette passion soit qu'on se place du point de vue d'Ariane qui ne veut considérer que le beau, et tente désespérément de mettre du piment dans leur quotidien en imposant tout un rituel qui devient pesant avec le temps.
Soit du point de vue de Solal qui se rend compte que la passion est loin mais qui ne veut pas la décevoir et joue le jeu de l'amant éternel mais jusqu'ou ?
Le ton du livre est parfois cinglant et dur de réalisme, exemple :
Solal dit en parlant d'eux :

"Leur pauvre vie. Leur prétentieux cérémonial de ne se voir qu'en amants prodigieux, prêtres et officiants de leur amour, un amour censément tel qu'aux premiers jours, leur farce de ne se voir que beaux et nobles à vomir et impéccables et sans cesse sortis d'un bain et toujours en prétendu désir. Jour aprés jour, cette lugubre avitaminose de beauté, ce solennel scorbut de passion sublime et sans trêve. Cette vie haute comme elle disait, cette pitoyable farce dont elle était l'auteur et le metteur en scène, courageuse farce de la passion immuable, la pauvrette y croyait gravement, la jouait de toute âme, et il en avait mal de pitié, l'en admirait. Chérie jusqu'a ma mort je la jouerai avec toi cette farce de notre amour, notre pauvre amour dans la solitude, amour mangé de mites, jusqu'a la fin de mes jours, et jamais tu ne sauras la vérité, je te le promet. Ainsi lui disait-il en lui même."

C'est à mon gout le passage qui reflète le plus le livre, car on pourrait croire que Solal est le pur machiste.
Cette grande histoire a pour contexte une période particulièrement importante de l’Histoire de ce monde : la Seconde Guerre Mondiale, ou la montée de l’antisémitisme en Europe. Solal est juif et il perdra sa nationalité suisse ainsi que son poste au sein de la SDN mais il ne dira rien à Ariane afin qu'elle garde de lui cette image d'homme fort.

Je vous conseille vivement ce livre qui est une pure merveille et ou on retouve tous un peu de notre vécu a un moment donné de notre vie.


Posté le: Mar 28 Fév 2006 - 17:14

En naviguant sur le net j'ai lu qu'il y allait avoir un adaptation ciné du livre mais je n'arrive pas à retrouver où grrrrrrrrr.
Ca serait une bonne idée pour une telle merveille.
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Ojascoj
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MessageSujet: Belle du seigneur - Albert Cohen   Belle du seigneur - Albert Cohen EmptyMer 1 Mar 2006 - 16:28

Tu crois qu'ils peuvent en tirer une bonne adaptation cinématographique sans en supprimer tout ce qui fait sa spécificité, notamment la complexité des rapports de Solal et d'Ariane ?
Je ne voudrais pas paraître défaitiste mais j'en doute !
Surtout si c'est l'industrie américaine qui s'y attèle !
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shenzy
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MessageSujet: Belle du seigneur - Albert Cohen   Belle du seigneur - Albert Cohen EmptyMer 1 Mar 2006 - 17:01

C'est clair que ce roman est tellement riche et complexe qu'une adaptation en perdra forcément en route mais ça peut être intéressant.
Je suis étonnée par contre qu'il y ait si peu de réponses à ce livre ou alors il n'est culte que pour moi?


Dernière édition par le Mer 8 Mar 2006 - 14:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Belle du seigneur - Albert Cohen   Belle du seigneur - Albert Cohen EmptyMer 1 Mar 2006 - 19:03

C'est vrai, je n'ai jamais pris le temps de donner mon avis. Mais il faut dire que ça fait très longtemps que je l'ai lu !
Et ça n'a pas été la révélation qu'ont été pour moi : Proust, Hugo ou Fiiiiiiiitz. (euh je considère le dernier comme en dessous des autres univers quoique dans son genre je pense que Robin Hobb excelle).

J'ai le souvenir d'avoir eu du mal à entrer dans l'histoire et d'avoir trouvé Solal extrêmement tordu. J'avais été plus intéréssée par la SDN que par l'histoire d'amour. Alors je pense que je suis un peu passée à côté du livre. Sauf qu'une fois fini, il m'a poursuivi pendant longtemps et j'ai mieux compris a posteriori.
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