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 Victor Hugo

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Clems
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MessageSujet: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 8 Avr 2005 - 14:16

Victor est le plus grand auteur français depuis tout le temps, et il n'a jamais été égalé!! (non, je suis pas subjective, c'est vrai d'abord!!!).
Et donc en plus de tout le reste , il a écrit de super poémes......
Et je viens d'en découvrir un (en fait je dois en faire l'explication pour lundi, mais y a rien de mieux pour apprécier un poéme) et donc je voulais vous le montrer, car je le trouve vachement beau, même s'il est assez simple dans sa construction....ce n'est pas son meilleur poème, mais j'aime beaucoup!!

Donc, c'est dans Les Contemplations, 1ère partie: Autrefois, poème 19.

"Vieille chanson du jeune temps"

Je ne songeais pas à Rose;
Rose au bois vint avec moi;
Nous parlions de quelque chose,
Mais je ne sais plus de quoi.

J'étais froid comme les marbres;
Je marchais à pas distraits;
Je parlais des fleurs, des arbres;
Son oeil semblait dire: "Aprés?"

La rosée offrait ses perles,
Le taillis ses parasols;
J'allais; j'écoutais les merles,
Et Rose les rossignols.

Moi, seize ans, et l'air morose;
Elle vingt; ses yeux brillaient.
Les rossignols chantaient Rose,
Et les merles me sifflaient.

Rose, droite sur ses hanches,
Leva son beau bras tremblant
Pour prendre une mûre aux branches;
Je ne vis pas son bras blanc.

Une eau courait, fraiche et creuse
Sur les mousses de velours;
Et la nature amoureuse
Dormait dans les grands bois sourds.

Rose défit sa chaussure,
Et mit, d'un air ingénu,
Son petit pied dans l'eau pure;
Je ne vis pas son pied nu.

Je ne savais que lui dire;
Je la suivais dans le bois,
La voyant parfois sourire
Et soupirer quelquefois.

Je ne vis qu'elle était belle
Qu'en sortant des grands bois sourds.
"Soit; n'y pensons plus!" dit-elle.
Depuis j'y pense toujours.
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Alinoé
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 8 Avr 2005 - 15:36

Je l'ai vu en Bande Dessinée dans Spirou je crois, il faut que je fasse des recherches. Très beau poème en vérité, sans grand tralala. Toujours d'actualité, en fait il est intemporel (sauf si un jour on se retrouve dans un monde sans forêt ...il faut que tu respires, ... ce n'est pas rien de le dire...si vous voyez ce que je veux dire)
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Je chercherais plus car je ne suis pas sûre que c'est celle que j'ai lu, c'est de la bd franco-belge dans le style Cédric... Jonkalak ça te dis quelque chose ?
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shenzy
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyVen 8 Avr 2005 - 15:47

C'est vrai que "les contemplations"sont une suite de poèmes tous aussi beaux les uns que les autres , mais celui la est tres different des autres dans le style.
Il est touchant par le décalage du jeune homme trop sage qui n'ose pas, et qui finalement va rester avec ses regrets.
Et cette jeune fille plus mure qui lui ouvre les portes d'un horizon nouveau mais qu'il ne sait pas encore voir...
La description de son bras nu, de son pied, de son oeil brillant ...
Tout ça dans un joli décor buccolique, on est loin du Hugo tourmenté mais c'est trés épique, plein de naïveté et de fraicheur.

Clems ,toi qui aime Hugo tu as deja lu "la tristesse d'Olympio"...?
" D'autres vont maintenant passer où nous passâmes.
Nous y sommes venus, d'autres vont y venir ;
Et le songe qu'avaient ébauché nos deux âmes,
Ils le continueront sans pouvoir le finir ! "


Faut le lire en entier il est trop beau...
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyDim 24 Avr 2005 - 0:12

Victor hugo m'a aussi beaucoup impressionnée dans "Les Chatiments", brûlant contre Napoléon, tout son génie s'est exprimé!

Il est fascinant, avec son oeuvre qui couvre le théatre, la poésie, le roman, et même l'épistolaire, avec sa grandeur de pensée, bref, c'est vraiment impressionant...

Moi j'aime beaucoup celui où il parle aux abeilles du manteau de sacre de l'empereur, je m'éditerais qd je l'aurais retrouvé!
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyDim 24 Avr 2005 - 10:37

Les Châtiments, c'est sur, c'est un chef d'oeuvre! Quand j'étais en 1ère, c'était au programme du bac!
Il y a un poéme dans ce recueil, que je trouve vraiment splendide, c'est "Souvenir de la nuit du 4". Il est à la fois horrible, et trés beau..........il ne peut laisser personne indifférent!
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMar 1 Nov 2005 - 22:04

Demain des l'aube :

Demain des l'aube , a l'heure ou blanchit la champagne ,
Je partirai . Vois-tu je sais que tu m'attends .
J'irai par la foret , j'irai par la montagne .
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps .

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées ,
Sans rien voir au dehors sans entendre aucun bruit,
Seul , inconnu , le dos courbés , les mains croisés,
Triste et le jour pour moi sera comme la nuit .

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loins descendant vers Harfleur ,
Et quand j'arriverai je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyere en fleur

Victor Hugo

Le poeme indiquera plus tard la date de " 3 Septembre 1847 " afin de faire coincider avec l'anniversaire de la mort de sa fille ( survenue le 4 Septembre 1843)

J'aime beaucoup ce poeme , on voit la tristesse de Victor Hugo et je trouve sa adorable de lui avoir fais un poeme !
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 21 Nov 2005 - 21:08

C'est l'heure où blanchit la campagne... pas la champagne !

C'est un poème qui est très connu comme A Villequier qui me fait trembler lorsque je le lis.

Je suis comme Clems, j'ai une adoration sans borne pour Victor Hugo.
Sa force d'évocation, la maîtrise du Verbe, l'humanisme dont il fait preuve, tout me séduit chez lui. Enfin, me diriez-vous, Victor Hugo qui n'aime pas ?

J'eus aimé retranscrire ici son poème "La mort d'un chien" mais je ne retrouve plus dans ma bibliothèque. A chaque fois que je le lis, je pleure. OK, c'est mon côté praline qui ressort mais je revois cet attroupement de personnes autour de ce chien qui attend le retour de son maître, trop longtemps et qui meurt de chagrin au moment où ce dernier revient. C'est tout simplement magnifique.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 21 Nov 2005 - 22:19

Je n'ai jamais été très fan de Victor Hugo mais Demain, dès l'aube est un de mes poèmes préféré : on croirais qu'un amoureux va rejoindre sa belle au tout début et .... brrr ... bref c'est un très joli poème dédié à sa fille(Léopoldine , noyée dans la Seine lors d'un baignade , avec son mari ... euh je crois dites-moi si je me trompe)
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 21 Nov 2005 - 23:11

Comment ça tu n'es pas fan de Victor Hugo ?! Tu ne peux pas t'en tirer comme ça, il faut que tu t'expliques !
Tu n'es pas fan.. peut-être ne connais-tu pas très bien cet auteur ? As-tu déjà lu ses romans ou d'autres poèmes. Quand j'aurais le temps, je reproduirai ici le poème A Villequier qui parle aussi bien sûr de la noyade de sa fille. Il n'y a rien de plus puissant ni de plus expressif !
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 21 Nov 2005 - 23:17

atention , ne pas être fan ne veut pas simplement dire que je n'aime pas ! Simplement, Hugo, a ce quelque chose qui fait que je n'arrive-pour la plupart de ces écrits-à me passioner. Je trouve qu'il a écrit de très beaux textes, mais je n'ai jamais eu de coup de coeur , sauf pour Demain dès l'aube
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyLun 21 Nov 2005 - 23:49

Mais comment est-ce possible !!!! Ca me laisse bouche bée !
J'ai vibré avec les chouans dans 93, pleurer sur le sort de Jean Valjean, souffert avec l'Homme qui rit, senti les turbulences de la mer avec Les travailleurs de la mer... j'ai eu le coeur noué devant le destin d'Esméralda et de Quasimodo... et ses poèmes sont des merveilles !

Allez, je vais écrire ici le poème A Villequier. Et tu vas me dire si tu ne ressens rien devant sa rage impuissante et son désespoir !

A Villequier.
Maintenant que Paris, ses pavès et ses marbres,
Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux;
Maintenant que je suis sous les branches des arbres,
Et que je puis songer à la beauté des cieux.

Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure
Je sors, pâle et vainqueur,
Et que je sens la paix de la grande nature
Qui m'entre dans le coeur;

Maintenant que je puis, assis au bord des ondes,
Emu par ce superbe et tranquille horizon,
Examiner en moi les vérités profondes
Et regarder les fleurs qui sont dans le gazon;

Maintenant , ô mon Dieu ! que j'ai ce calme sombre
De pouvoir désormais
Voir de mes yeux la pierre où je sais que dans l'ombre
Elle dort pour jamais;

Maintenant qu'attendri par ces divins spectacles,
Plaines, forêts, rochers, vallons, fleuve argenté,
Voyant ma petitesse et voyant vos miracles,
Je reprends ma raison devant l'immensité;

Je viens vers vous, Seigneur, père auquel il faut croire;
Je vous porte, apaisé,
Les morceaux de ce coeur tout plein de votre gloire
Que vous avez brisé;

Je viens vers vous, Seigneur ! confessant que vous êtes
Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant !
Je conviens que vous seul savez ce que vous faites,
Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent;

Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme
Ouvre le firmament;
Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme
Est le commencement ;

Je conviens à genoux que vous seul, père auguste,
Possèdez l'infini, le réel, l'absolu;
Je conviens qu'il est bon, je conviens qu'il est juste
Que mon coeur ait saigné, puisque Dieu l'a voulu !

Je ne résiste plus à tout ce qui m'arrive
Par votre volonté.
L'âme de deuils en deuils, l'homme de rive en rive,
Roule à l'éternité.

Nous ne voyons jamais qu'un seul côté des choses;
L'autre plonge en la nuit d'un mystère effrayant.
L'homme subit le joug sans connaître les causes.
Tout ce qu'il voit est court, inutile et fuyant.

Vous faites revenir toujours la solitude
Autour de tous ses pas.
Vous n'avez pas voulu qu'il eût la certitude
Ni la joie ici-bas !

Dès qu'il possède un bien, le sort le lui retire.
Rien ne lui fut donné, dans ses rapides jours,
Pour qu'il s'en puisse faire une demeure, et dire :
C'est ici ma maison, mon champ et mes amours !

Il doit voir peu de temps tout ce que ses yeux voient ;
Il vieillit sans soutiens.
Puisque ces choses sont, c'est qu'il faut qu'elles soient ;
J'en conviens, j'en conviens !

Le monde est sombre, ô Dieu ! l'immuable harmonie
Se compose des pleurs aussi bien que des chants;
L'homme n'est qu'un atome en cette ombre infinie,
Nuit où tombent les bons, où tombent les méchants.

Je sais que vous avez bien autre chose à faire
Que de nous plaindre tous,
Et qu'un enfant qui meurt, désespoir de sa mère,
Ne vous fait rien à vous !

Je sais que le fruit tombe au vent qui le secoue,
Que l'oiseau perd sa plume et la fleur son parfum;
Que la création est une grande roue
Qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu'un;

Les mois, les jours, les flots des mers, les yeux qui pleurent,
Passent sous le ciel bleu;
Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent;
Je le sais, ô mon Dieu !

Dans vos cieux, au delà de la sphère des nues,
Au fond de cet azur immobile et dormant,
Peut-être faites-vous des choses inconnues
Où la douleur de l'homme entre comme élément.

Peut-être est-il utile à vos desseins sans nombre
Que des êtres charmants
S'en aillent, emportés par le tourbillon sombre
Des noirs événements.

Nos destins ténébreux vont sous des lois immenses
Que rien ne déconcerte et que rien n'attendrit.
Vous ne pouvez avoir de subites clémences
Qui dérangent le monde, ô Dieu, tranquille esprit !

Je vous supplie, ô Dieu ! de regarder mon âme,
Et de considérer
Qu'humble comme un enfant et doux comme une femme,
Je viens vous adorer !

Considérez encor que j'avais, dès l'aurore,
Travaillé, combattu, pensé, marché, lutté,
Expliquant la nature à l'homme qui l'ignore,
Eclairant toute chose avec votre clarté;

Que j'avais, affrontant la haine et la colère,
Fait ma tâche ici-bas,
Que je ne pouvais pas m'attendre à ce salaire,
Que je ne pouvais pas

Prévoir que, vous aussi, sur ma tête qui ploie
Vous appesantiriez votre bras triomphant,
Et que, vous qui voyiez comme j'ai peu de joie,
Vous me reprendriez si vite mon enfant !

Qu'une âme ainsi frappée à se plaindre est sujette,
Que j'ai pu blasphémer,
Et vous jeter mes cris comme un enfant qui jette
Une pierre à la mer !

Considérez qu'on doute, ô mon Dieu ! quand on souffre,
Que l'oeil qui pleure trop finit par s'aveugler,
Qu'un être que son deuil plonge au plus noir du gouffre,
Quand il ne vous voit plus, ne peut vous contempler,

Et qu'il ne se peut pas que l'homme, lorsqu'il sombre
Dans les afflictions,
Ait présente à l'esprit la sérénité sombre
Des constellations !

Aujourd'hui, moi qui fus faible comme une mère,
Je me courbe à vos pieds devant vos cieux ouverts.
Je me sens éclairé dans ma douleur amère
Par un meilleur regard jeté sur l'univers.

Seigneur, je reconnais que l'homme est en délire
S'il ose murmurer;
Je cesse d'accuser, je cesse de maudire,
Mais laissez-moi pleurer !

Hélas ! laissez les pleurs couler de ma paupière,
Puisque vous avez fait les hommes pour cela !
Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre
Et dire à mon enfant : Sens-tu que je suis là ?

Laissez-moi lui parler, incliné sur ses restes,
Le soir, quand tout se tait,
Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux célestes,
Cet ange m'écoutait !

Hélas ! vers le passé tournant un oeil d'envie,
Sans que rien ici-bas puisse m'en consoler,
Je regarde toujours ce moment de ma vie
Où je l'ai vue ouvrir son aile et s'envoler !

Je verrai cet instant jusqu'à ce que je meure,
L'instant, pleurs superflus !
Où je criai : L'enfant que j'avais tout à l'heure,
Quoi donc ! je ne l'ai plus !

Ne vous irritez pas que je sois de la sorte,
O mon Dieu ! cette plaie a si longtemps saigné !
L'angoisse dans mon âme est toujours la plus forte,
Et mon coeur est soumis, mais n'est pas résigné.

Ne vous irritez pas ! fronts que le deuil réclame,
Mortels sujets aux pleurs,
Il nous est malaisé de retirer notre âme
De ces grandes douleurs.

Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nécessaires,
Seigneur : quand on a vu dans sa vie, un matin,
Au milieu des ennuis, des peines, des misères,
Et de l'ombre que fait sur nous notre destin,

Apparaître un enfant, tête chère et sacrée,
Petit être joyeux,
Si beau, qu'on a cru voir s'ouvrir à son entrée
Une porte des cieux;

Quand on a vu, seize ans, de cet autre soi-même
Croître la grâce aimable et la douce raison,
Lorsqu'on a reconnu que cet enfant qu'on aime
Fait le jour dans notre âme et dans notre maison,

Que c'est la seule joie ici-bas qui persiste
de tout ce qu'on rêva,
Considérez que c'est une chose bien triste
De le voir qui s'en va !

Villequier, 4 septembre 1847.
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMar 22 Nov 2005 - 23:51

Bon, c'est vrai, il a des textes très touchants (si j'ai les larmes aux yeux c'est que oui , quand même ça me touche !) mais, je ne serais jamais une fan, même si c'est un des plus grands auteurs français ( et internationaux).

Voilà , merci pour avoir posté ce poème , je l'avais enffoui dans ma mémoire ,c'est vrai qu'il est magnifique(je sais reconnaître ce qui est beau quand même!!)
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 23 Nov 2005 - 10:17

T'inquiètes, je respecte que tu ne sois pas fan de Victor Hugo ! Je ne comprends pas comment est-ce possible... mais bon !

La richesse du forum c'est que tous les goûts s'expriment et que les discussions naissent.
En tout cas, tu es curieuse de découvrir et tu n'es pas obtus. Alors c'est très bien !

J'ai pour Hugo une admiration sans borne et la force de son écriture me remue à chaque fois. J'aime la manière dont il écrit, les messages qu'il délivre, la puissance de ses personnages.

Je suis ravie si j'ai pu te le faire apprécier un petit peu avec ce poème. Mais il vaut que tu essaies de te plonger dans l'un de ses romans !
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 17 Mai 2006 - 15:04

Ah Victor Hugo... Ce type est un monstre de la littérature ! Il a tout fait: théâtre, poésie, romans, nouvelles.... C'est hallucinant, une bête de travail...^^

Bref, ce matin, je feuilletais Les Contemplations, que ma soeur est apparemment en train d'étudier, et je me suis dit que vraiment, c'est beau....

Un de mes préférés (et un des plus connus, j'aime faire dans l'originalité), est Demain, dès l'aube que Virginie a cité... On ressent tout à fait sa mélancolie, sa tristesse, et la beauté et la simplicité du poème rendent ces émotions presques agréables... je sais je m'exprime bizarrement, mais je fais avec... Razz
En fait, mes poèmes préférés sont, je crois, en général les plus courts... Car n'importe quel poête (ou romancier, etc) qui arrive à me balancer un gros coup de massue sur la tête, à me rendre toute chose, à m'émouvoir, à me rendre joyeuse, à me passioner, avec seulement quelques mots, m'inspire immédiatement, une profonde admiration...

Et aussi, en ce moment, je suis pas mal dans le poème... D'humeur, qui me donne envie de lire un poème... C'est assez étrange comme sensation...
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MessageSujet: Re: Victor Hugo   Victor Hugo EmptyMer 7 Juin 2006 - 0:30

Il y a déjà beaucoup de poèmes de Hugo qui sont cités ici... et je les aime tous ! Olympio, les poèmes écrits après la mort de Léopoldine... et puis aussi "je ne songeais pas à Rose"...

Il y en a au moins trois que je voudrais citer. D'abord, les dernièrs vers de Booz endormi... parce que souvent Hugo est sublime quand il est mystique :

Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.


Il est bouleversant quand il pleure ses enfants. Ce poème, "Claire" a été écrit à la mort prématurée de la fille de Juliette, sa maitresse adorée... peu de temps après la mort de Léopoldine... Là encore, je n'ai choisi de citer qu'un extrait :

Quand nous en irons-nous où vous êtes, colombes !
Où sont les enfants morts et les printemps enfuis,
Et tous les chers amours dont nous sommes les tombes,
Et toutes les clartés dont nous sommes les nuits ?

Vers ce grand ciel clément où sont tous les dictames,
Les aimés, les absents, les êtres purs et doux,
Les baisers des esprits et les regards des âmes,
Quand nous en irons-nous ? quand nous en irons-nous ?

Quand nous en irons-nous où sont l'aube et la foudre ?
Quand verrons-nous, déjà libres, hommes encor,
Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre,
Et nos pieds faits de nuit éclore en ailes d'or ?


Mais il est aussi terriblement séduisant quand il parle des femmes et de l'amour :

Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.


Et pour finir : tellement humain, généreux, miséricordieux... au hasard, j'ai choisi ce poème-ci : mais il y en a tant d'autres.

Oh ! n'insultez jamais une femme qui tombe !
Qui sait sous quel fardeau la pauvre âme succombe !
Qui sait combien de jours sa faim a combattu !
Quand le vent du malheur ébranlait leur vertu,
Qui de nous n'a pas vu de ces femmes brisées
S'y cramponner longtemps de leurs mains épuisées !
Comme au bout d'une branche on voit étinceler
Une goutte de pluie où le ciel vient briller,
Qu'on secoue avec l'arbre et qui tremble et qui lutte,
Perle avant de tomber et fange après sa chute !

La faute en est à nous ; à toi, riche ! à ton or !
Cette fange d'ailleurs contient l'eau pure encor.
Pour que la goutte d'eau sorte de la poussière,
Et redevienne perle en sa splendeur première,
Il suffit, c'est ainsi que tout remonte au jour,
D'un rayon de soleil ou d'un rayon d'amour !



Je crois vraiment que ce qui fait d'Hugo un poète à part... et dans une certaine mesure indémodable (contrairement à la plupart de ses contemporains comme Vigny ou Lamartine), c'est cet éclectisme et cette ouverture d'esprit. Il a parlé de lui-même largement, comme tous les romantiques, et il l'a fait de façon sublime que ce soit pour exorciser sa douleur ou pour parler de l'amour sous ses différentes formes. Mais il y a son engagement politique, qui était un engagement du coeur. C'était un homme en prise avec la réalité sociale autant qu'avec la réalité humaine. On a l'impression qu'aucune dimension ne lui a échappé ! Je crois vraiment qu'au-delà du poète et de l'auteur, c'était une vrai grande âme.

Bon, je suis fan... vous l'aviez compris ? o13
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